Etienne Tshisekedi ou l'éternel perdant
Peu de congolais se font d’illusions sur les capacités et la volonté de
l'UDPS d'Étienne Tshisekedi d’améliorer leur sort s'il avait participé
aux élections de 2006. Certains, cependant, se demandent s’il ne vaut
pas mieux porter ce parti au pouvoir pour enfin voir le leader maximo
enfin aux affaires après presque 30 ans d'opposition , dans l’idée que
la politique de l'UDPS serait, sinon meilleure que l’actuelle, en tout
cas « moins pire ». Cet état d’esprit exprime une certaine lucidité,
tout à fait saine en elle-même ; mais, en même temps, un tel
raisonnement reflète une crise profonde de la politique en tant
qu’instance capable de porter des projets alternatifs et des espoirs
pour les masses : on ne se prononce plus pour un programme, mais on se
sert du vote pour éliminer tels ou tels politiciens.
A voir les partis d’opposition se figer dans une attitude stérile et
calculatrice, miser sur l’échec de Joseph Kabila ou sur une éventuelle
soulèvement populaire pour arriver au pouvoir.
Etienne Tshisekedi, a dû se contenter de dénoncer la transition qui l’a
mis en marge de l’échiquier politique en 2003.Croyant que le pouvoir
lui sera donné par les membres de l'opposition à San City. Arthur
Zahidi Ngoma fut nommé vice-président à la place du leader Maximo.
Opposé à la prolongation de la transition en 2005, il ne lui a reconnu
aucune légitimité à concocter le texte constitutionnel soumis à
référendum,partisan du boycott du recensement électoral organisé entre
juin et décembre 2005, Etienne Tshisekedi ne s’est pas fait
enregistrer. Il ne participera pas aux élections de 2006 au grand dam
de ses propres partisans. Le MLC de Jean-Pierre Bemba très organisé,
profita du vide laissé par l'UDPS pour devenir la deuxième force
politique dans les institutions . Ses électeurs se sont massivement
reportés sur Jean-Pierre Bemba, le principal challenger du président
Joseph Kabila. '' La course effrénée à l’enrichissement personnel à
laquelle se livrent les gouvernants actuels demeure, hélas, la seule
raison pour laquelle ils ont mis le pays à feu et à sang; ils cherchent
désespérément à confisquer la souveraineté du Peuple congolais, à
travers un processus électoral conçu pour leur légitimation» déclara
alors Étienne Tshisekedi amer. Pourtant lui, l'opposant historique de
Mobutu, l'homme qui se présente et est considéré par bon nombre de
Kinois comme le «père de la démocratie» au Congo-Kinshasa, a raté une
fois de plus de prendre le pouvoir.
Alors que tous les responsables démagogues ont préféré surfer sur
l’émotion des congolais suscitée par les 5 millions de morts de la
guerre de 1998 à 2003 et c’était la surenchère dans les promesses. Il
était plus facile de se laisser aller, de hurler avec les loups,
d’attiser un mix de haines et de rancoeurs que de se poser en citoyen
responsable, en véritable homme politique soucieux de l’avenir et de
l’histoire. Etre un citoyen responsable demande un effort. Tshisekedi
lui continua avec sa stratégie de la politique de la chaise vide et
cela désorienta ses propres partisans. Tel fut le cas, Etienne
Tshisekedi était en erreur.
La politique, c’est aussi penser les phénomènes dans leur histoire,
réfléchir avant de parler et n’approuver les déclarations et les
décisions politiques qui, à terme ne rendent impossible ni le « vivre
ensemble », ni la réalisation des projets collectifs.Voilà ce
qu'Etienne Tshisekedi doit faire et insulter les autres comme au temps
de l'époque du maréchal Mobutu ne suffit plus. Il lui faut maintenant
des messages clairs et surtout ne pas éxclure ses meilleurs élements à
chaqu'ils ne sont d'accord avec la stratégie actuelle. Les récentes
interventions dans les médias de l'ancien proche Vincent Mubake ont été
critiquées hier lors de la réunion du comité d'organisation du prochain
congrès du parti.
Etienne Tshisekedi reste une figure emblématique de la RDCongo mais sa
stratégie de ''Moi ou rien'' a fait de lui ou donne l'impression aux
yeux de la majorité des congolais d'être un éternel perdant.
Nier
l'évidence n'a jamais servi à rien.
Par Gértrude Ndofusu