Encore une turbine à l’arrêt à Inga: Kinshasa bientôt dans le noir !
Les Kinois ne sont pas encore à l’abri des désagréments quant à la
fourniture de l’électricité. La turbine G 25 de la Centrale d’Inga
s’est arrêtée lundi 17 mars vers 11 h, provoquant ainsi des
perturbations que l’on enregistre ces derniers jours à Kinshasa. Si
aucune disposition n’est prise dans l’immédiat, une grande partie de la
ville de Kinshasa sera dans le noir. Avec toutes les conséquences
économiques, sanitaires et sécuritaires que cela implique.
Le risque de perturbation dans la fourniture du courant électrique dans
la ville de Kinshasa est bien réel. Et ce contrairement aux dernières
affirmations du Comité de gestion de la Société nationale
d’électricité.
Après l’explosion d’un disjoncteur au centre de dispersion d’Inga, une
autre panne est survenue sur le site Inga II. La turbine G25 s’est
arrêtée le lundi 17 janvier à 11 heures alors que les techniciens
tentaient de procéder au remplacement des pièces défectueuses.
Le non respect du protocole pour l’arrêt de la turbine serait à la base
de cette panne. Ce qui explique les coupures répétées du courant
électrique, observées depuis le début de cette semaine à Kinshasa,
notamment au centre des affaires de la Gombe.
Cette situation était prévisible et maintes fois rappelée par
l’administrateur-délégué général de cette société d’Etat. Au cours
d’une visite effectuée sur le site de Zongo en compagnie du ministre de
l’énergie, Yengo Masampu avait déclaré haut et fort que les turbines
d’Inga I et II avaient un besoin urgent d’être réhabilitées. Faute de
faire diligence, il y avait risque de se réveiller un matin sans un
groupe en état de fonctionnement.
MANQUE D’ENTRETIEN
L’Adg de la Snel ne s’était pas arrêté en si bon chemin, invitant par
la même occasion les autorités à ne pas dormir sur leurs lauriers. «Si
on continue à être distrait à Kinshasa, un jour nous allons nous
réveiller sans un seul groupe en état de fonctionner à Inga», avait-il
prévenu. Cette situation n’a guère évolué.
Lors d’une visite effectuée sur le site d’Inga par quelques membres de
la commission économique et financière du gouvernement, conduits par le
ministre au Plan, le directeur du département de production à Inga
avait lancé un cri de détresse afin que le gouvernement prenne à bras
le corps le dossier de la réhabilitation d’Inga.
Il en voulait pour preuve, l’absence de révision de ces machines. En
effet, il nous revient que toutes les 70.000 heures, les turbines d’un
barrage de la trempe d’Inga doivent subir des travaux de
réhabilitation. Il se fait malheureusement que, depuis leur
inauguration en 1972, pour les machines d’Inga I, et 1982 pour celles
d’Inga II, aucune révision n’a été faite.
TOUJOURS A LA RECHERCHE DU FINANCEMENT
L’embargo, qui frappait la RDC depuis les années 90, n’a pas permis
d’effectuer ces révisions faute de moyens financiers importants. A
cela, s’ajoute la mauvaise gestion qui a souvent caractérisé cette
entreprise publique devenue la vache à lait de tous les tenants du
pouvoir des régimes en place.
Pour cette opération, la Snel doit mobiliser un peu plus de 500
millions de dollars américains. La Banque mondiale avait promis
d’intervenir à hauteur de 296,7 millions USD. Ce financement concernait
les six turbines d’Inga I où, pour le moment, quatre seulement sont en
activité pour une puissance de près de 230 MW au lieu de 350 installés
et produits en période normale de fonctionnement. Pendant ce temps, à
Inga II, trois machines sont actuellement en activité sur les huit
installées. D’évidence, le déficit est bien réel.
La Banque mondiale avait également retenu de réhabiliter quatre
turbines d’Inga IIA. Toutes ces promesses pourtant fermes, sont
demeurées jusqu’à ce jour lettre morte. Les questions de procédure
freinent jusque-là la mise à disposition de ces fonds par la Banque
mondiale.
Compter sur cet apport de la Banque mondiale serait suicidaire non
seulement pour la Snel mais aussi pour tout le pays. La Banque mondiale
ne vise-t-elle pas à obtenir la privatisation de cet outil important de
production du courant électrique ? La question reste posée.
Comme si cela ne suffisait pas, d’autres annonces sont faites quant au
financement de la réhabilitation de quatre groupes d’Inga IIB. Un
opérateur privé effectue déjà des travaux de fiabilisation d’une
turbine d’Inga II, à savoir la G23. Les travaux évoluent tant bien que
mal, même si des pesanteurs sont régulièrement déplorées dans la bonne
exécution des travaux.
Présentement, la Snel recherche des financements pour deux groupes
d’Inga II suivant des avis d’appel au financement publiés par la presse
locale. La grande question serait de fustiger le discours
contradictoire des responsables de la Snel au gré des circonstances et
des intérêts. Tous sont d’accord qu’il y a urgence à procéder aux
travaux de réhabilitation, au risque de connaître un black out total.
Au même moment, tous traînent les pas lorsqu’il s’agit de proposer des
solutions radicales pour remédier à la situation.
LES OBSERVATIONS DE KENGO ET KAMERHE
L’étendue de l’hécatombe vers laquelle court la RDC dans ce secteur
exige des décisions courageuses, réalistes, et évitant le bradage de ce
patrimoine national. Le comité de gestion de la Snel qui connaît ses
partenaires, devra guider le gouvernement vers la voie de la raison par
ses conseils. La Snel doit cesser d’apparaître comme un champ de
prédilection des prédateurs de tout genre. Une entreprise où des
interférences politiques s’emploient à saigner les finances de cette
société. La population ou les travailleurs de cette société ne savent
ce qu’il est advenu de la créance du Congo-Brazzaville de l’ordre de 32
millions de dollars USD. Ou encore, un terrain où des chasseurs de
commissions de tous bords s’affrontent sans tenir compte du caractère
hautement social de cette entreprise.
D’ailleurs, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Kengo
wa Dondo et Vital Kamerhe, sont revenus sur cette situation dans leurs
discours de rentrée parlementaire. Car l’électricité demeure un secteur
vital tant pour la redynamisation de l’économie nationale qu’en ce qui
concerne la santé et le bien-être des populations. Laisser la SNEL
végéter dans cette situation, c’est accélérer un suicide collectif.
Certes, les efforts déployés pour la réhabilitation du réseau de
Kinshasa par l’acquisition des transformateurs et les travaux effectués
sur le centre de la Funa sont à saluer. Mais ils ne produiront des
effets escomptés que si la production à Inga est de qualité et
régulière.
En plus, La RDC pourra même tirer des bénéfices substantiels en
exportant cette forme d’énergie très réclamée en Afrique australe
notamment. Des études menées par les financiers de la Snel renseignent
qu’à échéance, avec la réhabilitation complète de huit turbines d’Inga
II, cette société pourra engranger des recettes annuelles de l’ordre de
5 milliards de dollars américains. Juste ce qu’il faut pour soulager le
budget national avec des ressources propres au lieu de continuer à
recourir à des appuis budgétaires extérieurs.
La panne survenue à Inga démontre à suffisance la précarité de la situation qui prévaut sur ce site. Le Potentiel