L'assainissement de la ville de Kinshasa ne doit pas être un engagement qui ne s'arrête qu'au niveau de discours. A côté des immondices, des routes , se pose le problème d'érosions qui menacent certaines communes de la capitale. Sur la liste des sites qui inquiètent figure la localité Kindele dans la commune de Mont-Ngafula qui constitue un grand danger. Si les gouvernements tant provincial que central n'interviennent pas d'une manière vigoureuse, la population de cette partie de la capitale, qui se sent abandonnée, va encore allonger la liste de sans-logis. Et la localité Kindele ne sera plus qu'un souvenir.

La localité de Kindele, située dans la commune de Mont-Ngafula, est en voie de disparition de la carte de la ville de Kinshasa. Depuis les années 70, les têtes d'érosions ont été déclarées dans cette localité. Au lieu de chercher des mécanismes de s'attaquer à ces érosions encore à leurs débuts, les autorités qui se sont succédé à la tête de cette municipalité n'avaient pas de politique de prévention des catastrophes. La première tête d'érosion s'était déclarée non loin du pylône haute tension au quartier Kimbondo. « Trois sociétés, parmi lesquelles la société de construction « Parisi », avaient été sélectionnées, non pour s'attaquer à l'érosion encore à ses débuts, mais pour protéger le pylône haute tension », a fait savoir un habitant du quartier qui a requis l'anonymat. Et d'ajouter : « Ce qui fait que les caniveaux construits par ces sociétés se sont arrêtés non loin de ce pylône ».

Suite aux pluies diluviennes qui sont tombées sur la ville depuis les années 70, cette érosion, et les autres têtes d'érosions parsemées dans les quartiers Kimbondo et Ngansele de la localité Kindele, ont pris des proportions inquiétantes. A tel point que cette localité risque, si l'on n'y prend garde, d'être effacée de la carte de Kinshasa.

CONSEQUENCES

Il sied de rappeler que le quartier Kimbondo, le plus frappé par des érosions, est situé au croisement de deux versants de l'Université de Kinshasa (Unikin) et de Kimwenza, une banlieue située à l'Ouest de Kinshasa. Toutes les eaux de pluies qui proviennent du quartier Ngansele vers Kimwenza et Cogelos, un quartier mal loti situé derrière le Plateau des professeurs de l'Unikin, se jettent avec avidité sur le quartier Kimbondo. L'érosion la plus dangereuse est partie de là où les trois sociétés sélectionnées avaient arrêté les travaux de construction des caniveaux pour la protection du pylône haute tension de la Société nationale d'électricité (SNEL) jusqu'à la route principale qui mène vers Kimwenza à la hauteur de l'arrêt « Makaya ». A ce niveau, la route est coupée en deux. Il y a eu des maisons d'habitation, des écoles, des centres de santé, des lieux de culte emportés par cette érosion.

Actuellement, pour atteindre Kimwenza, les véhicules assurant le transport en commun ne s'arrêtent qu'au niveau de l'arrêt « Makaya » au quartier Kimbondo. De là, on est obligé à traverser le ravin à pieds pour emprunter un autre moyen de transport de l'autre côté de l'érosion. Pour ceux qui ont des bagages, ils recourent au service des porteurs moyennant une certaine rétribution. Et la population en paie le prix, avec comme cause, le manque d'eau potable, d'électricité Ces ravins sont devenus des lieux d'insécurité où beaucoup de cas de viols de vols, d'extorsions sont signalés régulièrement.

L'INEFFICACITE DU GOUVERNEMENT

« On éteint le feu lorsqu'il est à ses premières étincelles », dit un adage. Quelle interprétation que les dirigeants congolais peuvent faire à cet adage qui renferme une profonde signification anthropologique! Au lieu d'avoir une politique de prévention des catastrophes, ces derniers attendent toujours que le pire arrive pour en faire une récupération politique.

Au moment où ces érosions prenaient encore des proportions inquiétantes, de différentes personnalités politico-administratives à Kinshasa, entre autres les membres de l'Assemblée provinciale, l'autorité urbaine, ont fait des va-et-vient à cet endroit sans apporter une remède à ce mal. D'autres ont fait même de ces érosions un sujet de campagne électorale. A ce jour, aucun effort n'a été fait pour les combattre avant la saison de pluies qui s'est déjà annoncée en ce mois de février.

SYNERGIE LOCALE

Du fait que les efforts fournis par les habitants du quartier Kimbondo auprès des autorités locales n'ont pas encore abouti, ces derniers ont mis sur pied une organisation interne constituée de toutes les couches sociales pour mobiliser les synergies locales. Ceci, en vue de combattre les érosions qui menacent leur quartier. Malheureusement, d'autres forces se sont retirées de l'organisation pour laisser la charge seulement à l'Eglise catholique. Avec des moyens manuels, les chrétiens de la paroisse Saint Pierre-Claver ont pu aménager deux bassins pour atténuer la force des eaux qui coulent de part et d'autre avant de se verser sur le ravin.

Par manque de moyens financiers, ces bassins (Lunda 1 et Lunda 2), qui devraient être curés régulièrement, ont été abandonnés. Avec les pluies d'avril, d'octobre et de novembre 2007, le bassin Lunda 1 n'a pas pu contenir la force des eaux qui provenaient de l'arrêt 7 km. Après que le bassin Lunda 1 a cédé, ces eaux ses sont jetées sur le basin Lunda 2 qui recevait des eaux de pluies provenant du quartier Cogelos. Cela a fait que l'érosion située à la hauteur de l'arrêt « Makaya » atteigne la dimension actuelle en coupant la route principale et que la banlieue Kimwenza soit séparée du reste des autres quartiers de la capitale.

Le père Rigobert Sibu, curé de la paroisse Saint Pierre-Claver, dont une partie importante est endommagée, a fait savoir qu'il avait, dès son arrivée à la tête de cette paroisse en 2005, multiplié plusieurs contacts tant aux niveaux local que de la présidence de la République. Un groupe de mamans de cette paroisse a laissé entendre avoir déposé un mémorandum auprès du cabinet de la première dame du Congo, avant le deuxième tour de l'élection présidentielle en RDC. Ni la présidence de la République, ni l'Hôtel de ville, moins encore la commune, n'attire son attention sur le drame qui se déroule actuellement à Kindele.