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LOSAKO
18 février 2008

La RDC négocie son décollage économique… avec les Chinois

chine3La République démocratique du Congo vise une croissance à deux chiffres pour 2010. Elle espère y parvenir en atteignant notamment le point d’achèvement à l’initiative d’annulation de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Mais, pour y arriver, le pays doit d’abord renouer avec le Fonds monétaire international en signant avec l’institution de Washington un programme triennal au titre de la Facilité piour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC).

C’est ce qui justifie la présence à Kinshasa depuis hier dimanche d’une mission des experts du département Afrique du FMI. Lors de leur séjour de près de deux semaines à Kinshasa, les experts du FMI comptent aplanir les dernières divergences avec Kinshasa avant la transmission en mars prochain du dossier de la RDC à son Conseil d’administration.

Alors qu’elle négocie difficilement avec le FMI pour arracher son accord autour d’un nouveau programme économique, le gouvernement a les yeux fixés sur les cinq chantiers. L’essentiel est de ne pas décevoir à l’horizon 2011. Face à une Occident plus qu’hésitante et trop embourbée dans des procédures parfois difficiles à contourner, le pays s’est tourné vers les Chinois. Il est plus que jamais poussé dans le dos par les Chinois, mais les occidentaux – tout comme la Belgique, ancienne puissance coloniale - restent encore frileux.

LE GRAND CHANTIER DE LA RECONSTRUCTION

« Il faut aller sur place, dans les rues de Kinshasa, pour se rendre compte de l’ampleur du travail de reconstruction de la RDC », note un officiel belge, présent dans la délégation qui a accompagné dernièrement le ministre belge de la Coopération. L’aéroport national, déjà, est pour moitié un cimetière de carcasses à hélices, mangées par la rouille. On le laisse derrière soi pour entrer dans la ville et tenter de rejoindre le centre. En suivant une piste de macadam décrépitée, parsemée de nids de poules, on s’enfonce lentement dans une forêt de bidonvilles interminable. «En arrivant dans l’aéroport international de N’Djili Kinshasa, vous comprenez tout de suite que vous êtes dans un pays où l’Etat est absent», déplore le sénateur François Roelants du Vivier (MR), embarqué dans un voyage de reconnaissance du nouveau ministre de la Coopération au Développement, Charles Michel (MR). «Car, la première chose que fait un Etat, c’est de soigner la route qui relie son aéroport au centre-ville, pour montrer au monde que l’appareil fonctionne...».

Soudain, une clairière s’ouvre dans les taudis, au cœur de laquelle trône le gigantesque stade de foot national, flambant neuf. Contraste. «C’est l’œuvre des Chinois», nous explique-t-on. On se rapproche du centre. Là, des peintres s’affairent sur un muret, ils dessinent une publicité pour un opérateur de télécommunications: «Nokia avec coque antipoussière, parce qu’on aime ce qui a de l’éclat». C’est que le pays entame, vaille que vaille, son redressement. Après les guerres, les affaires reprennent. Le moteur économique commence à tourner…

FUTA ENFONCE LE CLOU

De passage à Lubumbashi, le ministre de l’Economie nationale et Commerce, est revenu sur la question, liant la forte présence de la Chine aux côtés du gouvernement congolais par la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires pour réussir les « cinq chantiers » promis à la population par le président de la République.

Ancien haut cadre de la Banque africaine de développement, cet économiste libéral formé aux Etats-Unis, maîtrise bien les rouages des relations économiques internationales. C’est donc en fin connaisseur qu’il s’est employé à rassurer : «Nous ne désirons pas rompre avec nos amis occidentaux, simplement diversifier nos partenaires, en toute souveraineté… ». Et d’assurer qu’« il y a de la place pour tout le monde dans ce pays ; tout le monde courtise les Chinois en ce moment, pourquoi pas nous? ».

Le ministre justifie ce partenariat par une sorte de pragmatisme du désenchantement : «Après avoir mis en place les institutions démocratiques, notre pays doit se développer sur le plan social et économique. S’il veut être réélu, le président doit avoir au moins entamé les cinq chantiers de la reconstruction promis à la population. Or, l’aide occidentale n’est pas venue assez vite, les promesses qui nous avaient été faites ne se sont pas concrétisées. Nous avons donc dû nous tourner vers la Chine, mais les entreprises occidentales restent les plus nombreuses dans le pays, les programmes avec le FMI et la Banque mondiale se poursuivent et devraient aboutir au rééchelonnement de la dette… Nous n’avons rien rompu… ». Le ministre a le sentiment que déjà un procès d’intention est mené contre son pays, qu’il estime faussement accusé de vouloir se détourner de l’Occident : « Je sens que s’élabore une sorte de grand mensonge qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles… ».

Cependant, pour Kinshasa, l’essentiel est de réussir les « cinq chantiers », peu importe la nature du partenaire avec lequel il faudra composer. L’arrivée des Chinois ne se passe pas sans heurts. Car, avec les Chinois, le gouvernement a été bien obligé de recadrer sa stratégie dans le processus de révisitation des contrats et conventions signées dans le secteur des mines. Tout se passe comme si l’on cherchait par tous les moyens à aménager un espace pour les Chinois qui se sont engagés à aider la RDC à se doter des infrastructures modernes en échange de la cession des titres dans les mines – du Katanga, en premier.

Ainsi, de grandes firmes chinoises sont déjà annoncées dans les mines du Katanga, plus précisément sur la mine souterraine de Kamoto où ils sont annoncés dans l’actionnariat de Katanga Mining Limited. Ne soyons donc pas surpris de les voir bientôt à la Minière de Bakwanga ou encore à l’Office des mines d’or de Kilo Moto. Les Chinois ratissent large, convaincus que la RDC a besoin des capitaux qu’elle n’est pas prête à mobiliser de l’intérieur. Avec une Occident qui tâtonne dans sa démarche, les Chinois ont juste opté pour le pragmatisme.

Pour les Chinois, les financements ne sont pas subordonnés à de dures contraintes. Ils ne sont pas non plus liés à un quelconque niveau de démocratie ou de respect des droits. Tout est par contre basé sur les principes à d’un jeu à sommes non nul où chaque partie à l’échange trouve son compte. La Chine pense trouver sa part dans les riches mines congolaises.

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