Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
9 février 2008

Le Kivu sur les traces du Darfour

FUITEEn l'espace d'une semaine, deux importantes déclarations ont retenu l'attention de plusieurs observateurs. La demande de la tenue d'une Table ronde sur la sécurité par par Alain Doss, Représentant permanent du secrétaire général de l'Onu et responsable de la Monuc, les ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne et l'application, sans tarder, de l'Accord de Nairobi et d'Addis Abeba Comme si quelque part, il y a crainte que l'on bascule de nouveau dans la violence, empêchant ainsi le déploiement des observateurs de la Monuc pour surveiller le cessez-le-feu. A cause justement de ces escarmouches qui se multiplient entre groupes armés, et forces négatives. La tendance est de maintenir l'insécurité à l'image de ce qui s'est passé dernièrement au Tchad avec les combats de N'Djamena en vue de retarder le déploiement de l'Eufor au regard de la situation préoccupante qui prévaut au Darfour. Des risques, si l'on n’y prend garde, de voir le Kivu sur les traces du Darfour.

Plus de cinq violations de l'Acte d'engagement de Goma depuis la clôture de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et Sud Kivu. Des combats, de plus en plus, sont signalés entre les Maï-Maï et les éléments armés de CNDP, les Maï-Maï contre les FDLR. Pas plus tard que mercredi à Katana, au Sud Kivu, les FARDC se sont affrontés aux FDLR : deux tués parmi les rebelles hutus rwandais et deux blessés graves dans les rangs des FARDC.

Certes, l'on n'est pas du tout naïf pour croire à un arrêt complet des accrochages entre groupes rivaux dès la signature de l'Acte d'engagement de Goma. Il faut un certain temps. Cependant, la multiplication des combats n'est pas aussi de bon augure, car tout peut arriver. C'est-à-dire, voir de nouveau le Kivu replonger dans la violence pour la simple raison que les structures y afférentes en vue de faire respecter le cessez-le-feu, de démobiliser et de désarmer les groupes armés, de rapatrier les rebelles rwandais ne sont pas encore mises en place. Et qu'en plus, le mandat de la Monuc demeure le même, il n a pas encore été requalifié. Que faire si les rebelles rwandais refusent de désarmer ?

Une situation qui ressemble à celle qui prévaut au Darfour où la force hybride UA-UE tarde à se déployer. Aussi, les forces hostiles à la paix, au déploiement justement de cette force hybride ont mis à exécution le premier acte de leur plan diabolique. Pendant une semaine, le Tchad a été mis à feu et à sang pour empêcher le déploiement de cette force. La bataille de N'Djamena visait entre autres à contrecarrer l'application de la résolution de l'Onu sur le Darfour soumis toujours à des attaques armées. Il faut attendre la semaine prochaine pour voir cette force Union africaine-Union européenne reprendre son déploiement dans le but de sécuriser les populations vulnérables du Darfour, du Tchad et de la République centrafricaine.

Rdc_Musheke071206x200NON A LA " DARFOURISATION " DU KIVU

Il faudra éviter que les populations du Kivu subissent le sort avec cette lenteur qui caractérise déjà la mise en place des structures de paix, de sécurité prévues par la Conférence de Goma. Certes, des décrets ont été signés pour mettre le mécanisme de suivi en place. Mais le Kivu, c'est un peu comme le volcan et à chaque accrochage entre les groupes rivaux, accrochage qui ressemble à un tremblement de terre, il faut parer au plus pressé pour éviter le moindre dérapage.

Nous avions fait allusion tout au début de ce propos du jour à plus de cinq violations du cessez-le-feu ; aux incendies de plusieurs villages, aux massacres des populations civiles, aux pillages des biens par les forces négatives qui disposent encore de leur puissance de feu. Les combats qui étaient jusque-là circonscris au niveau de la province de Nord-Kivu atteignent maintenant le Sud-Kivu. Les Maï-Maï combattent les forces du CNDP; celles-ci accrochent les FDLR qui, à leur tour, commettent des violences sur les populations civiles et n'hésitent nullement à faire la guerre aux FARDC.

Certes, la Monuc a renforcé son dispositif militaire et créé des " zones d'observation " du cessez-le-feu. Mais le problème le plus crucial demeure justement le désarmement des forces négatives. Principalement les FDLR et les éléments de CNDP.

Conscient de la spécificité de cette situation, Alain Doss, Représentant du secrétaire général de l'Onu et responsable de la Monuc, a appelé à l'application de l'Accord de Nairobi et de celui d'Addis Abeba. Le premier invite le Rwanda et la RDC à s'engager ensemble dans le désarmement des FDLR et des éléments de Nkunda. Entre-temps, Kigali devrait transmettre à Kinshasa la liste des génocidaires supposés être encore en République démocratique du Congo. Rien n'est fait sur ce plan jusqu' à ce jour et Kigali n'a pas encore transmis la fameuse liste. Le second implique la Monuc, les Etats-Unis à obtenir le rapatriement des rebelles rwandais.

Toujours dans le même registre, le président Paul Kagame qui, dernièrement lors du passage du ministre français des Affaires étrangères, avait demandé aux Rwandais de rentrer au Rwanda, n'a pas encore dévoilé son " plan d'accueil ". Ce qui ne rassure pas encore les réfugiés rwandais. Or, leur présence en RDC n'enlève pas le prétexte aux insurgés de Nkunda pour déposer les armes.

Dans le même ordre d'idées, les FDLR qui déclarent haut et fort que l'Acte d'engagement de Goma ne leur est pas opposable, continuent à montrer des dents. Signal de leur refus de déposer les armes. Certes, une campagne de sensibilisation a été menée auprès d'eux par les autorités congolaises pour qu'ils regagnent le Rwanda. Mais que représentent deux ou trois réfugiés ou rebelles rwandais qui désirent rentrer dans leur pays contre une dizaine de milliers qui s'en tiennent à leurs revendications ? Celles-ci, on le sait, portent sur les conditions de sécurité et l'ouverture de l'espace politique rwandais.

ACCELERER LES CHOSES

Il faut faire vite et bien les choses dès lors que la situation demeure préoccupante au Kivu. En plus de ce fait que la nature vient de s'y mêler avec le dernier tremblement de terre dans cette partie du pays.

Cependant, nous faisons allusion d'abord à loi sur l'amnistie à prendre. Cette décision serait une marque de courage politique pour concrétiser l'Accord de Goma. On devrait par conséquent lui accorder le bénéfice de l'urgence. Or, tel que le processus a été décrit, rien ne sera fait avant le 31 mars 2008, la prochaine rentrée parlementaire étant fixée au 15 mars 2008. Encore plus ou moins 30 jours pour connaître la suite des événements sur ce point précis, un temps au cours duquel tout peut arriver si la méfiance persiste et s'amplifie.

C'est à cause de cette crainte que les ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne ont appelé de tous leurs vœux la tenue imminente d'une Table ronde sur la sécurité. Une question qui semble susciter la polémique au regard de la réaction du ministre congolais de la Défense à ce sujet précisément.

Inquiétude encore, cet autre appel de tenir sans faute, jeudi 14 février, la réunion d'évaluation des résolutions et recommandations de la Conférence de Goma. Question de faire l'état des lieux de la situation sécuritaire.

A dire vrai, le danger n'est toujours pas écarté pour des raisons évoquées ci-dessus. Il importe donc d’accélérer les choses dans le but d'éviter que le Kivu ne soit sur les traces du Darfour, de contourner les impondérables de la "darfourisation" du Kivu pour autant que les ennemis de la paix n'ont pas encore dit leur dernier mot. Ce qui annihilerait tous les espoirs qui ont vu le jour après la conférence de paix de Goma.

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité