Après la signature de l’Acte d’engagement : Karel De Gucht pose les conditions d’un succès !
Selon
Karel De Gucht, ministre belge des Affaires Etrangères, le processus de
Goma ne sera mis en place que si le cessez-le-feu devient effectif, si
les militaires se retirent et si les unités de la Monuc se déploient
dans les zones sensibles. De Gucht demande à Kinshasa de respecter ses
engagements sur le désarmement et le retour des FDLR au Rwanda.
Après la signature, mercredi 23 janvier courant, de l’Acte
d’engagement entre les groupes armés du Nord et Sud-Kivu et le
Gouvernement de la République, les réactions fusent. La grande
préoccupation est de savoir si l’Accord de Goma pourra ramener la paix
dans les deux provinces. Pour le ministre belge des Affaires
Etrangères, qui avait plaidé, début octobre 2007, sans succès
apparemment pour la nomination d’un facilitateur avec la mission de
rencontrer les acteurs de la guerre du Kivu, promet de travailler pour
que tout ce qui a été engrangé sur papier se transforme en actes. Sa
pensée va aux clauses concernant un cessez-le-feu effectif, le retrait
militaire et le déploiement immédiat d’unités de la Monuc dans les
zones sensibles pour y protéger la population civile. Karel De Gucht
ajoute que si ceci réussit, alors on pourra réellement parler de la
mise en place d’un véritable processus de Goma.
Les FDLR sur le dos du Gouvernement
Le ministre belge ne s’est pas limité à jeter des fleurs au
Président Kabila qu’il trouve courageux. Karel De Gucht distribue,
mieux rappelle des tâches à chaque partie impliquée dans le conflit. Au
Gouvernement, il demande le respect des engagements pris à Nairobi sur
le désarmement et le retour au Rwanda des rebelles FDLR qui empêchent
Paul Kagame de fermer tranquillement l’œil. Dans cette chasse aux FDLR,
la première étape, dit-il, est l’élaboration d’un programme de
sensibilisation réussie. C’est ici que les choses deviennent
intéressantes. La Belgique parle de FDLR comme s’il s’agissait d’un
problème congolais et qu’il appartenait aux seuls Congolais de s’en
débarrasser. Pourtant, plusieurs intellectuels et politiques de premier
rang dénoncent cette façon de percevoir les choses. C’est aussi, comme
le disait Z’Ahidi, la faute au Gouvernement qui n’arrive toujours pas à
exiger de la Communauté internationale de ne plus s’arrêter sur le
seuil de sa mauvaise conscience devant le génocide rwandais. Les
grandes puissances, au lieu d’attendre de la RDC, dont l’armée et les
forces de sécurité peinent à se restructurer, le désarmement et le
rapatriement des FDLR, devaient logiquement engager des efforts pour
parachever la résolution de la crise rwandaise transposée en RDC. Rien
dans le message de félicitation de De Gucht ne va dans ce sens. Même
pas lorsqu’il lance ‘‘explicitement’’ aux Etats voisins pour qu’ils
soutiennent la nouvelle dynamique dans l’Est du Congo et qu’ils
favorisent un climat de paix et de développement dans la région dans un
esprit de bon voisinage. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Pas grand-chose. C’est ça qu’on appelle en journalisme la langue du
bois.
Puisque le ministre belge parle d’un programme de sensibilisation
réussie à propos des FDLR, il devait, à l’évidence, dire un mot sur les
conditions de ce retour au Rwanda. Malheureusement, il trouve une
occasion de se taire. Pourtant, le Gouvernement de Kigali ne fait rien
pour promouvoir la réconciliation nationale. Sans avoir l’intention de
développer un pessimisme, on peut d’ores et déjà anticiper sur les
chances de réussite d’un rapatriement volontaire des FDLR dans leur
pays. C’est vouer à l’échec aussi longtemps que ces rebelles rwandais
auront la peur d’être tués une fois chez eux. Il restera une seule
option pour obtenir le retour des FDLR : le recours à la force. Si on
en arrive là, il est faux de dire que la guerre est finie pour les
Kivutiens. Les FDLR sont des militaires aguerris avec un moral au
zénith. Qui plus, ils ont des ramifications dans la population du Kivu
qui les tolère. En dépit, justement, de tous les crimes odieux dont ils
se sont rendus coupables.
A tout dire, si l’Accord de Goma peut-être salué, il faudrait
encourager les Rwandais à balayer dans leur maison. Ce que la
Communauté internationale a exigé et obtenu des Congolais, on doit
également le faire pour les Rwandais.