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LOSAKO
20 décembre 2007

Rd Congo : la fin d’un rêve de grandeur

assassins

Au lendemain du lancement des travaux préparatoires de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les Kivu, le président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe, s’est de nouveau précipité, sans crier gare, à l’Est du pays. Un geste qui démontre combien la situation est à l’urgence et à quel point les événements tendent à se rebeller.
Il faut, aujourd’hui encore plus qu’hier, parer au plus pressé. Mais que s’est-il donc passé pour que le pays tout entier perde la boule, que la doctrine autant que la sémantique jouent subitement au yo-yo ?

             

Dans sa livraison n° 3230 datée du 18 décembre, tout en rendant compte de la volonté des officiels congolais d’aller à la paix par le biais d’une conférence sur les Kivu, Le Phare avouait sa perplexité et se posait plusieurs questions de fond. Pourquoi toujours cette partie du territoire national ? Les protagonistes autant que les tireurs de ficelles nous disent-ils la vérité, selon la question d’un ancien Premier ministre, Nsinga Udjuu Ungwankebi Untube, du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale ? Enfin, qui va participer à cette conférence et pour quel rôle précis ?
En réalité, toutes ces questions se résument en une seule : la RD Congo a-t-elle encore une existence comme Etat, Nation et peuple ?
Une question cruelle, soulevée par une foule d’interrogations qui hantent les Congolais depuis bientôt une semaine : que s’est-il réellement passé à Mushake ? Comment plus de 20 milles hommes de troupes ont-ils pu perdre ce précieux verrou et imposer à tout un pays une si cruelle humiliation ? Enfin, la RDC avait-elle les moyens d’une approche qui eut pu faire la différence ?
Le soutien du Rwanda n’explique pas tout. Il est d’ailleurs symptomatique qu’aucun officiel ne se soit aventuré sur ce terrain. Comme si tout le monde découvrait soudainement que le mal était ailleurs, connu, assumé.

Un contexte difficile

Les Congolais, pour leur part, posent des questions et attendent des explications. Ce n’est pas un simple fait du hasard si la marche victorieuse des FARDC à Mushake a coïncidé avec le sommet d’Addis-Abeba et le discours à la Nation de Joseph Kabila Kabange. Ce n’est pas non plus un fait du hasard si la conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les Kivu est convoquée au lendemain de la reprise de Mushake par les insurgés. Enfin, ce n’est pas un fait du hasard si, après l’installation d’une mission diplomatique permanente américaine à Goma, le Rwanda qui exprime des prétentions territoriales, l’Ouganda, le Burundi, l’Afrique du Sud, l’ONU, l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Etats-Unis accourent dans la capitale du Nord-Kivu, invités à titre d’observateurs. Seulement, ou pour un autre rôle plus précis ? Seulement, ou pour voir la capitale du Nord-Kivu atteindre le point d’achèvement du processus de particularisation des provinces du Kivu ?
Dans sa livraison N° 3201 datée du 06 novembre, Le Phare évoquait, à la suite de certaines indiscrétions de la presse internationale, un schéma qui fait désormais peur : exil pour le général dissident, une force mixte d’intervention rapide contre les Fdlr ainsi qu’une présence diplomatique américaine permanente à Goma.
Le 06 décembre, la Secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, organisait un sommet sur les Grands Lacs africains à Addis-Abeba. Alors que Paul Kagame, Yoweri Museveni et JP Nkurunziza s’y précipitaient, le Président congolais s’y faisait représenter par son ministre d’Etat en charge de l’Intérieur. Officiellement, Joseph Kabila Kabange avait l’excuse de l’important message à la Nation qu’il devait adresser au peuple par le biais des deux chambres réunies en congrès. Officieusement, la posture avait été saluée au plan protocolaire pour un sommet qui devait être présidé par un ministre des Affaires Etrangères, quand bien même il s’agissait de Condoleezza Rice en personne.
Il restait, évidemment, à savoir si être représenté par un ministre conférait automatiquement à un Chef d’Etat absent les mêmes privilèges que ses pairs. De Nairobi à Addis-Abeba, la question s’est ainsi posée de savoir si la diplomatie congolaise a été à la hauteur de sa tâche. N’a-t-elle pas, une fois de trop, donné l’occasion à Washington de relancer l’arlésienne d’un déficit de leadership en RDC, tout en proposant de le suppléer par l’accompagnement – mais à quel prix - des mêmes pays voisins avec lesquels nous avons plusieurs contentieux à régler.

Position de force

C’est encore et toujours Le Phare qui relevait, dans son édition du 04 décembre, que « la pax americana était en marche » autour de trois thèmes fondamentaux : éradication des forces négatives comme menace contre le Rwanda, sécurité pour les Tutsi congolais, enfin apaisement dans l’Est de la RDC avec l’exil de Laurent Nkunda, le brassage de ses troupes ou le processus DDR pour ceux de ses éléments qui ne désireraient pas intégrer les Fardc ».Et d’ajouter que « selon des sources diplomatiques, le dispositif américain comprendra également la mise en place d’une force d’intervention rapide, formée et commandée par les Américains. Constituée d’éléments Fardc et CNDP, cette force sera chargée de traquer les forces négatives ». Enfin, Le Phare notait le renforcement de la présence américaine avec un poste diplomatique permanent à Goma, faisant craindre aux Congolais le risque de voir cette partie de la république échapper progressivement au pouvoir central ».
C’est précisément le résultat du sommet de la capitale éthiopienne : avalisé aussi bien par Washington que par les voisins de la RDC, le plan opérationnel pour la sécurisation dans les Grands Lacs présenté par Kinshasa aux termes de l’Accord de Nairobi devrait désormais être imposé aux populations des Kivu en particulier, dont on connaît les sensibilités communautaires, et à tous les Congolais en général par le biais de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les Kivu. On peut donc s’attendre à ce que, au minimum, le cahier des charges du CNDP y trouve une tribune appropriée. Plusieurs éléments l’y prédisposent : premièrement, c’est au lendemain des revers subis par les Fardc que cette conférence est convoquée, dans un contexte où, avec la pression des partenaires condamnant à mots à peine couverts l’usage de la force, la RDC a difficile à se faire entendre ; deuxièmement, Laurent Nkunda a toujours réclamé le dialogue et, troisièmement, cette option a toujours été celle de la Communauté internationale.
Question donc : à quel niveau le CNDP fixera-t-il la barre et quelle sera la réaction de la Communauté internationale ? Faut-il s’attendre à un chambardement des institutions et à la formation d’un gouvernement d’union nationale érigeant le mouvement politico-militaire de Laurent Nkunda en parti politique ? Alors que la représentation nationale, qui aurait pu s’exprimer en toute légitimité, se tait au profit d’un forum informel, on peut se demander effectivement si les institutions issues des élections générales de 2006 servent encore à quelque chose. Face à la pression de la Communauté internationale et aux pertes militaires subies sur le terrain, Kinshasa n’a donc plus une marge de manœuvre suffisante, achevant d’anéantir le rêve de grandeur d’un pays qu’on croyait jusque-là promis à un destin fabuleux.

             
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