"La prise de Mushake est nécessaire mais pas suffisante. La résistance sera beaucoup plus forte ensuite et les FARDC ont déjà gaspillé des tonnes de munitions pour prendre un petit village, certes stratégique, mais qui n'est pas une forteresse", a estimé un observateur militaire basé au Nord-Kivu.

L'offensive des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) contre les troupes insurgées de Laurent Nkunda s'est poursuivie mardi au Nord-Kivu, où le verrou stratégique de Mushake serait tombé, tandis que les combats se poursuivent.

"Je suis maintenant à Mushake. Mushake vient de tomber après de violents combats ce (mardi) soir entre la 14e brigade et les insurgés", a déclaré le colonel John Tshibangu, qui commande les forces gouvernementales au cours de cette offensive.

"Il y a encore des combats ce soir à Mushake. Nous poursuivons les opérations de ratissage de toute la zone, avant de confirmer la conquête de cette position", a de son côté indiqué le colonel Delphin Kahimbi, commandant en second de l'armée au Nord-Kivu.

Depuis deux jours, les FARDC pilonnent Mushake, un village perché sur une colline à environ 40 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma, tenu depuis trois mois par les hommes du chef rebelle et général déchu Laurent Nkunda.

Lundi, les forces gouvernementales avaient lancé une vaste offensive et repris le contrôle de plusieurs localités autour de Sake, à 30 kilomètres au nord-ouest de Goma. Elles avaient avancé d'environ 10 kilomètres au nord et nord-ouest de Sake le premier jour, mais peinaient depuis à enfoncer les lignes ennemies.

Mushake constitue un verrou stratégique que l'armée régulière veut faire sauter, pour dégager son flanc ouest, avant de continuer son offensive en direction du Nord, vers les bastions de Nkunda, Kirolirwe et Kitchanga.

Mardi soir, plusieurs blindés qui étaient positionnés depuis deux jours dans la zone de Sake sont rentrés à Goma.

Assis sur les blindés, des soldats chantaient, faisant des signes de victoire à l'adresse de la population de Goma.

De son côté, la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) s'est déclarée mardi dans un communiqué prête à appuyer militairement l'armée "en dernier recours", en plus du soutien tactique et logistique déjà fourni aux loyalistes dans leur offensive contre des insurgés.

"Conformément à son mandat, la Monuc apporte son soutien (logistique) aux FARDC, dont l'état-major tactique a été co-localisé avec celui des forces onusiennes" et "se tient prête à répondre favorablement à une demande d'appui-feu qui pourrait être formulée, en dernier recours, par les unités régulières des FARDC".

La Monuc "réitère sa détermination à assurer la protection des populations civiles (...) et ne permettra pas que les zones de campagne à forte densité humaine ou les grands centres urbains du Nord-Kivu tombent aux mains des dissidents".

La Monuc, qui a déployé 4.500 de ses quelque 17.600 Casques bleus au Nord-kivu, est actuellement la plus importante opération onusienne de maintien de la paix dans le monde.

Mardi, la situation était calme dans le territoire de Rutshuru, où les insurgés se sont emparés dimanche de deux localités, Kikuku et Nyanzale (entre 100 et 130 km au nord-ouest de Goma), entraînant le déplacement de plus de 40.000 civils.

Depuis la fin août, le Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre FARDC, qui y ont massé plus de 20.000 hommes, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés à Nkunda.

Tutsi congolais, Nkunda se pose en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais installés dans l'est du pays et refuse catégoriquement de déposer les armes en dépit d'appels répétés de Kinshasa, de la Monuc et d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines.