Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
4 décembre 2007

Joseph Kabila, un an déjà : Bilan négatif... Un président "incapable de tenir sa promesse électorale"

jk_discoursLa R.D.C toujours à feu et à sang...

Pour cela, avec l’accord de tous, j’annonce, aujourd’hui, la fin de la recréation, afin que le Peuple puisse se consacrer entièrement au travail et ce, dans la paix et la tranquillité. (...) J’entends avertir que les prisons de l’Etat seront ouvertes à tous ceux qui se mettront en travers de la loi’’. Le 6 décembre 2006. Deux phrases. Elles ont retenti à travers le monde comme un signal fort pour un pays dont le mal rimait avec la corruption et l’impunité. Aujourd’hui, cette clé du discours d’investiture du chef de l’Etat résonne encore aux oreilles des Congolais comme un catalogue de bonnes intentions.

Joseph Kabila entre jeudi 6 décembre dans la deuxième année de son mandat de président élu. Et pour le juger, au-delà des promesses électorales qui tardent à se concrétiser, son discours d’investiture est l’absolu. Au regard de cet absolu, le bilan de cette première année est largement négatif. De prime abord, les observateurs relèvent le chantier oublié, c’est-à-dire la restauration de l’autorité de l’Etat. Dès janvier 2007, la RDC est entrée dans une aire de souffrance inédite.

La situation est allée de mal en pis. ‘‘Je vois un Congo où, chaque jour, le peuple se remet au travail, renversant les paramètres de la pauvreté, en chantier de prospérité... Aussi, mon mandat aura-t-il également, comme socle, la trilogie bonne gouvernance – démocratie – respect des droits de l’homme, qui sont les piliers principaux de la gestion moderne de l’Etat et de la coopération entre les nations’’. Rien de tout cela.

Le Congo souffre

Le mandat est émaillé d’un ensemble de catastrophes et d’accidents. Aujourd’hui, la catastrophe s’est étendue sur tous les secteurs de la vie nationale, traduite par les conditions de vie précaires pour la majorité des Congolais. Le Coût de la vie insupportable a trouvé son fondement dans le déficit de maîtrise des indices influençant les prix. Sans compter les prix du carburant, ce qui est un paramètre exogène, rien n’a encore été maîtrisé.

A Kinshasa, comme dans nos principales villes et campagnes, c’est la galère. A tout point de vue. Pour son alimentation, le Kinois en est réduit au pain sec et au beignet, à juste titre au surnom évocateur de ‘‘mbasu’’ ou ‘‘Kanga journée’’, du nom d’un beignet ou d’un pain qu’on arrose avec un gros gobelet d’eau, si la REGIDESO ne fait pas ses caprices pour permettre de passer la journée.

Les difficultés encore plus accrues des Transports, l’inefficacité de fournir régulièrement de l’électricité et de l’eau potable, la détérioration des voiries urbaines et des infrastructures routières, la débrouille pour se faire soigner, l’abandon du secteur de l’enseignement... un égrenage qui peut mener jusqu’au petit devoir d’un gouvernement. Malheureusement c’est la cas.

La paix, encore une utopie

Le président Kabila a été élu sur base d’une promesse de paix. Elle n’a jamais été offerte aux Congolais, particulièrement nos compatriotes de l’Est. Puisque tant que le Kivu ne connaîtra pas la paix, la RDC ne pourra se targuer vivre en paix. ‘‘En ce qui concerne la sécurité de l’Etat, je rassure les Congolaises et Congolais de ma ferme volonté d’éradiquer toute forme d’insécurité et de terrorisme urbain. Ce qui se passe actuellement à l’Est du pays, avec les bandes armées qui n’ont pas encore compris que ce temps est révolu, sera ma préoccupation principale’’.

Jetés dans les routes du Kivu, près d’un million de nos compatriotes se sont réfugiés dans la promiscuité des camps, dans des conditions infrahumaines, sans hygiène et sans nourriture, à la merci des épidémies et aux dépends des humanitaires, fuyant des violences qui ont fait 5 millions de victimes. Nombre de Kivutiens ont subi des humiliations insupportables et ne sont aujourd’hui en vie que parce que la culture du suicide n’est pas congolaise. Des femmes continuent d’être massivement et impunément violées, les hommes passent par le fil de la lame des factions rwandaises qui ont importé leur culture de tuerie dans notre pays.

Depuis une année, toutes les mesures prises pour désarmer le bras armé tutsi et hutu du Rwanda en RDC se sont soldées par un échec. Le général renégat, Laurent Nkundabatware poursuit sa campagne de harcèlement. Pas plus tard que ce week-end encore. Avec ses 4 000 hommes, il nargue 20 000 soldats que le Gouvernement a amassés en face de lui. Quant aux rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les Rasta et toutes ces forces négatives qui écument le Kivu, il faut compter jusque mars 2008 pour s’attendre à un début de solution, à en croire le plan mis en œuvre par le gouvernement congolais à la demande du Rwanda.

Les libertés fondamentales, denrée rare

La justice, les Droits de l’Homme, les libertés individuelles sont encore des denrées rares miroitées au Congolais sans qu’il ne puisse les goûter. ‘‘La lutte contre la pauvreté, l’injustice, les inégalités sociales, la protection de l’enfant et de toutes personnes vulnérables seront aussi au cœur de l’action du Gouvernement au cours des cinq prochaines années’’. Cependant, divers rapports publiés sur le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo en février dans le Bas-Congo, sur les affrontements au sein des FARDC entre la Garde présidentielle et la garde rapproché de l’ex vice-président Jean-Pierre Bemba, les rapports mensuels de la MONUC sur la situation des Droits de l’Homme en RDC, les attaques sur la liberté de presse, etc. prouvent à suffisance que ce n’est pas demain la veille pour la jouissance tant attendue des libertés.

‘‘La justice doit lutter contre la puissance d’argent, des tribus, des familles, d’amitié qui paralyse et asservit le magistrat et l’éloigne de son devoir. Elle doit garantir la sécurité juridique et judiciaire à tous les Congolais et les étrangers qui ont choisi notre pays comme leur seconde patrie’’. En une année, la justice n’est pas toujours distribuée de façon équitable.

Evoluant encore à deux vitesses, pour les riches et les puissants d’une part, pour les gens de peu de l’autre, la Justice est gangrenée par la corruption et a perdu son indépendance. Les rapts d’opposants suivis de leurs détentions arbitraires sont encore monnaie courante, malgré la promesse du président de réaffirmer ‘‘le statut constitutionnel de l’opposition politique, qui doit jouer son rôle de contrepoids institutionnel, et j’ai foi en l’attitude responsable qu’elle affichera’’.

Les portes des prisons fermées pour les privilégiés

‘‘Mon rôle dans la nouvelle configuration institutionnelle est de conforter la refondation de l’Etat et de susciter un véritable électrochoc pour une révolution profonde des mentalités (...) Il en est de même de la lutte contre l’impunité et l’immoralité politiques qui sont malheureusement enracinées dans le sol politique congolais’’.

L’impunité poursuit son bonhomme de chemin. Plusieurs cas ont été épinglés, notamment dans le drame des viols mais les plus en vue sont l’implication indirecte du ministre d’Etat Nkulu Kilombo dans l’accident de l’Antonov de Sam Aviation qui a coûté 50 vies mais aussi également le bastonnade dont ont été victimes deux journalistes dans le bureau du ministre Ngabu. Aujourd’hui, les deux personnalités siègent dans le gouvernement malgré le remaniement, ce qui est perçu comme une caution à l’impunité.

‘‘La lutte contre la corruption sera également un des segments prioritaires de mon mandat... Elle est aussi une autre forme de criminalité que je combattrai avec la dernière énergie‘‘. La corruption continue également d’étendre ses métastases dans l’appareil de l’Etat. Outre les détournements monstres signalés dans l’armée, la révision des contrats miniers, l’audit diligentés par le gouvernement sur le fonctionnement de l’appareil de l’Etat et plus récemment l’enquête sur le déversement et la disparition de près de 15 tonnes de résidus de cuivre hautement radioactifs au Katanga... se font dans une opacité de plus troublante.

Le chantier oublié

‘‘L’Administration congolaise, jadis colonne vertébrale de l’Etat, n’existe maintenant que de nom. Sous mon impulsion, un travail rigoureux de réforme de cette Administration doit s’effectuer en même temps que le renforcement des capacités institutionnelles de l’Etat et des acteurs non étatiques pour, justement, s’attaquer aux causes profondes de la mauvaise gouvernance’’. C’est justement le chantier oublié de Joseph Kabila. Les réformes de la Fonction publique font long feu.

Et le budget renvoyé à la Commission ECOFIN de l’Assemblée nationale confirme le volume de l’enveloppe allouée à la paie des fonctionnaires (dont un accroissement seulement de 10 %), insuffisant aux yeux des syndicalistes. La contagion a pris dans le secteur des entreprises du Portefeuille où les réformes sont bloquées pour de motifs politiques et non d’efficacité.

Jusqu’à ce jour, les 5 chantiers sont encore en laboratoire, faute d’ingrédients. En plus de USD 5 milliards chinois, les partenaires traditionnels viennent d’afficher leur volonté d’y ajouter USD 4 milliards.

Kabila a encore heureusement quatre ans devant lui pour mieux faire. C’est tout le mal que le Congolais lui souhaite. Mais le temps qui n’arrête pas sa course, lui compte comme adversaire.

Losako/Le Révélateur

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité