Remaniement : Gizenga II salué par des grèves !
Les
Congolais attendent toujours l’avènement de l’équipe Gizenga II.
Plusieurs éléments d’information recoupés suite à des indiscrétions
lâchées par les personnalités citées comme devant faire partie de la
nouvelle mouture gouvernementale font croire que la bombe pourrait
tomber incessamment.
La coalition majoritaire au pouvoir aurait, aux dernières
nouvelles, surmonter ses divergences. Un accord a finalement été trouvé
sur le nombre de portefeuilles à pourvoir, sur le retour ou non aux
affaires de certains mobutistes connus dont Gizenga ne veut pas
entendre parler pour avoir mis le Congo de Lumumba à genoux, etc. Mais
seulement voilà, le Gouvernement risque de se transformer en galère. Le
front social tant redouté s’est dressé. Les professeurs des universités
publiques sont entrés en grève depuis le mardi 13 novembre 2007. Cela,
un mois après la rentrée académique 2007-2008. Les grévistes ont des
revendications salariales : 3200 Usd pour un professeur ordinaire, 3000
à un professeur et 2500 Usd au chef des travaux. Selon un gréviste, si
des discussions sérieuses et concluantes ne sont pas très vite
engagées, le mouvement de grève se durcirait pour une durée illimitée.
On aura alors à craindre une année blanche, car les étudiants seront
contraints de rester à la maison.
Dans l’opinion, la grève des professeurs des universités divise
les Congolais. Si nombreux disent comprendre les revendications
salariales des professeurs, en revanche, il y en a moins qui les
partagent. Une façon de dire que les professeurs, qui se présentent
aujourd’hui en victimes, sont perçus par leurs étudiants comme des
bourreaux. Allusion faite ici à des pratiques relevant d’une autre
époque, notamment la vente obligatoire des syllabus, le monnayage des
cotes, les points sexuellement transmissibles, etc. Sans le soutien
actif des étudiants au mouvement d’humeur de leurs professeurs, il est
à craindre que cela n’accouche d’une souris.
Outre la grève des professeurs, le Gouvernement doit faire face
au débrayage des agents et fonctionnaires de l’Etat. En grève depuis le
lundi 12 novembre dernier, les agents et fonctionnaires exigent, comme
l’avaient fait les enseignants de l’EPSP il y a peu, l’application du
barème de Mbudi.
Le Gouvernement mettra sans doute en avant son argument le plus
prisé : le manque de moyens. Même si on tolère le gaspillage au sommet
tout en refusant d’améliorer la situation de la base. Rien n’explique
qu’un Député National touche au moins 4000Usd des émoluments et un
huissier 35.000 FC. Qu’à cela ne tienne, le Gouvernement est réellement
en difficulté. Et on voit mal comment les grévistes obtiendraient gain
de cause alors que Gizenga I ne fonctionne qu’avec 18% du Budget 2007.
Les occidentaux n’ayant pas libéré les 44% de recettes du Budget
auxquelles ils avaient librement souscrit. 38% de recettes propres à la
RDC sont retenues à la source pour le payement de la dette extérieure
contractée et logée dans des banques en Europe par Mobutu. Voilà la
triste réalité. Puisque la vie devient de plus en plus chère, des
émeutes de faim sont fort probables si l’on y prend garde.
Il n’est pas exclu que, dans les jours qui viennent, les
magistrats, à l’initiative du Synamac, soient tentés de gagner la rue
pour protester contre l’inclusion du Président de la République et du
ministre de la Justice au Conseil Supérieur de la Magistrature.
Au plan militaire, le nouveau Gouvernement à venir devra faire
ses preuves dans la situation de guerre tantôt larvée, tantôt ouverte
qui sévit au Nord-Kivu. Surtout la gestion de l’Accord de Nairobi signé
entre les ministres des Affaires Etrangères congolais et rwandais. Un
accord défavorable à la partie congolaise dans la mesure où le Rwanda
n’a pris aucun engagement, à part la sécurisation de ses frontières. La
délégation congolaise, qui a promis de présenter un plan de désarmement
des FDLR d’ici décembre, n’a pu imposer aux Rwandais une charge qui
puisse mettre le Rwanda devant ses responsabilités.