Gouvernement, l’Opposition et les mobutistes en difficulté !
On
est dans la dernière phase des tractations devant aboutir à l’avènement
d’une nouvelle équipe gouvernementale. Mais, jusqu’ici, la taille et
les critères de sélection divisent encore les forces politiques membres
de la coalition aux commandes. « Les vertébrés », n’ont pas beaucoup de
chance. Pour la plupart, leur qualité d’anciens mobutistes pèserait
négativement sur le choix à opérer.
Après la restructuration de l’Alliance de la Majorité
Présidentielle, le vendredi 9 novembre dernier, au Grand Hôtel
Kinshasa, les dés sont désormais jetés. L’heure a, enfin, sonné d’en
finir avec le problème du réaménagement technique ou remaniement du
gouvernement. A quelques encablures de l’An I de son investiture,
Kabila fils serait prêt à changer son fusil d’épaules. Mais, l’accord
électoral ; celui conclu avec le Patriarche Antoine Gizenga et Nzanga
Mobutu à la veille du second tour de la présidentielle 2006, ne lui
offrirait pas assez de marge de manœuvres individuelles. D’où, l’idée
de maintenir le numéro un du Palu en place tout en opérant une refonte
en profondeur de l’équipe gouvernementale. La recherche effrénée de
l’efficacité pourrait conduire inévitablement à la déflation de ses
membres. Tout ce week-end, des informations parvenues à La Prospérité
ont laissé plané un ciel brumeux pour l’Opposition politique et les
mobutistes. Déjà, le vocable « vertébrés », très souvent évoqué pour
tenter de faire appel à une certaine expertise autre que celle qui a
trôné jusqu’ici aux commandes du pays depuis bientôt un an, est
diversement digéré au niveau de la primature où le Patriarche Antoine
Gizenga Funji verrait les choses à sa manière. Comme à l’époque de la
formation de sa première équipe, la machine est, une fois de plus,
grippée. L’on raconte que « Yandi ve » aurait repris ses vraies
marques. Au passage, il ne serait nullement disposé à accueillir les
mobutistes et l’Opposition politique au gouvernement quel que soit le
motif allégué. A ses yeux, la victoire électorale et la gestion de la
Res Publica par ceux qui y ont contribué sont comme le recto et verso
d’une seule feuille de l’histoire à rédiger ensemble. Point n’est donc
question d’intégrer des « caméléons politiques » qui, dans les pires
des jours, sauteraient sur la première occasion pour jeter de
l’opprobre à l’action de la coalition. A quelques exceptions près, le
Premier Ministre, fidèle à sa philosophie nationaliste, croit dur comme
fer en un sursaut nouveau si les moyens sont mis à sa portée. Hier
soir, on en était à la finalisation de la version corrigée du budget
2008. Une réunion convoquée pour régler les derniers différends avec
l’Intersyndicale de l’administration publique a d’ailleurs capoté en
raison du travail intense que devait abattre Adolphe Muzito pour être
prêt ce matin avec le budget à soumettre au Conseil des Ministres
extraordinaire avant sa transmission à l’Assemblée, pour la première
lecture. A tout prendre, là où les gens s’agitent, Gizenga affiche
plutôt un calme de cimetière. L’important, avons-nous appris de source
crédible, étant de miser sur le budget, seule source de mobilisation
des recettes susceptibles de donner à son gouvernement les moyens de sa
politique. La rupture d’avec la modicité qui a caractérisé autrefois le
budget 2007, serait d’un atout majeur pour la requalification de
l’action gouvernementale, soutient-on. Allant plus loin, un des membres
de la cour du Premier Ministre contacté à ce sujet, a tenu le crachoir
en ces termes : « Qu’est-ce qu’on pouvait faire avec un budget modique
comme celui de plus ou moins deux milliards pour un pays qui a connu
autant d’années de guerre et dont les attentes du peuple se mesurent
au-delà de plusieurs milliards de dollars américains ? Les
infrastructures, la santé, l’éducation… la reconstruction requièrent
généralement beaucoup de moyens. Alors, quoi que puissent les qualités
de nouvelles personnes, s’il n’y a pas de moyens, elles ne sauront
faire aucun miracle ». Voilà qui cache les contradictions au sein de la
majorité. Les uns pensent qu’il faut en découdre avec l’amateurisme,
les autres croient, par contre, en un renforcement des capacités en
termes des moyens matériels et financiers. Entre les deux, plusieurs
courtisans sans position, tanguent.
Kabila doit trancher
Normalement, à l’état actuel des choses, le Chef de l’Etat, M.
Joseph Kabila Kabange, devrait réapparaître sur la scène et frapper. Il
avait promis pour fin septembre ou début octobre, l’arrivée d’une
équipe réduite et requinquée. Plusieurs jours sont passés sans que rien
ne s’en suive. Au jour d’aujourd’hui, plus de deux mois se sont
écoulés. Dans son étoffe de Chef, joindre la parole à l’acte aurait dû
être une priorité. On a beau dire qu’il a été à New York, Washington,
Lubumbashi, Goma ou Brazzaville. Mais, l’enjeu sur le plan de la
politique intérieure demeure. Après tout, c’est à lui que reviendra,
plus tard, la charge de rendre compte à la nation. Il y va de son
intérêt de trancher. Dans les entreprises publiques et régies
financières, la morosité a gagné du terrain. Plus de quatre mois
d’attente des mises en place, c’est quand même trop. Pour mettre un
terme à la récréation, il doit agir vite et mieux !
La prospérité