BUSH dicte sa loi:DON'T TOUCH NKUNDA AND ATTENTION MADE IN CHINA. Comme l'enfer,la maison blanche est pavée de bonnes intentions
A Washington, la rencontre Bush-Kabila a eu lieu sur fond d’hypocrisie et surtout d’ignorance apparente des réalités socio-politiques congolaises dans le chef du patron de l’administration américaine. L’entrevue n’a donné lieu à aucune annonce forte. Comme en novembre 2003, Bush s’est limité à faire quelques promesses à une année de la fin de son mandat.
« De bonnes nouvelles en provenance de
Washington ». C’est en ces termes que le site Internet pro-kabiliste
"Digitalcongo.net" a commenté en liminaire les entretiens qui ont eu
lieu, vendredi 26 octobre, à la Maison Blanche, entre Joseph Kabila et
son homologue américain George W. Bush. Ce média met l’accent plus sur
la forme – à savoir notamment la durée de l’entrevue et le nombre de
collaborateurs présents de part et d’autre – que sur le fond. C’est le
fond qui intéresse l’opinion publique congolaise. Il s’agit de savoir
quel impact cette visite aura dans les jours, semaines et mois à venir
sur la qualité de la vie des populations congolaises en général et dans
les provinces du Kivu et dans le district de l’Ituri en particulier. On
le sait, l’instabilité qui prévaut dans ces trois entités
administratives congolaises est entretenue par les régimes rwandais et
ougandais, réputés proches de Washington. Les observateurs ont été
surpris par la décision inattendue prise par Kabila de proroger,
jusqu’à la fin de ce mois d’octobre, l’ultimatum lancé à l’encontre de
Laurent Nkunda et ses combattants.
Autorité diplomatique supérieure
«Joseph
n’a pas eu autant de scrupules, au mois de mars dernier, quand il s’est
agi de pilonner au mortier et lance-roquettes la résidence de l’ancien
vice-président Jean-Pierre Bemba », commente un opposant politique. Des
analystes croient dur comme fer qu’«une autorité diplomatique
supérieure» a dû peser de tout son poids sur l’ardeur faussement
belliqueuse du "raïs" congolais pour stopper l’offensive de «grande
envergure» que devait lancer les Forces armées de la RD Congo sur les
positions des combattants du CNDP (Congrès national de défense du
peuple) et leur "chairman". Celui-ci semble donc jouir de la
bienveillance de quelques "amis" au sein du monde occidental. Tous les
regards sont tournés vers les Etats-Unis. Dans son édition du week-end,
le quotidien bruxellois « Le Soir » note, sous la plume de son envoyée
spéciale au Nord-Kivu, Colette Braeckman, que Kinshasa a déployé
jusqu’à 26 000 hommes dans la province du Nord-Kivu. On imagine avec
effroi le coût de ce déploiement de biceps pour le trésor public. La
journaliste indique par ailleurs que l’attaché militaire américain «
s’est installé » à Goma « pour suivre les opérations ». Où était la
toute puissante Amérique durant toutes ces années ? En tout cas,
contrairement à la population, les ONG oeuvrant dans cette partie du
pays redoutent qu’une opération de grande envergure de l’armée contre
Nkunda n’ait pour effet que d’aggraver la "crise humanitaire" au
Nord-Kivu. On le sait plus de 370.000 personnes sont en errance à cause
des combats, indique une dépêche de Reuters. Revenons aux entretiens du
Bureau ovale.
"Homme de parole"
Dans un
entretien accordé au « Washington file », le journal en ligne du
département d’Etat, le sous-secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires
étrangères, James Swan, n’avait pas manqué de faire savoir que « W »
entendait féliciter Joseph pour la « réussite » du processus de
démocratisation en RD Congo. Bush l’a fait vendredi : « Le président
Kabila est un homme de parole. Il avait promis en 2003 des élections
libres, démocratiques et transparentes. Aujourd’hui, c’est chose faite.
Je profite de l’occasion pour féliciter le président Kabila pour son
élection à la tête de la République démocratique du Congo».
Dirigeant
de la nation qui domine le monde au plan économique, technologique,
scientifique, militaire et culturel (sans oublier les renseignements),
Bush fait ainsi preuve d’une duplicité - le mot n’est pas trop fort -
indigne de la part du dirigeant d’un Etat démocratique. Ignore-t-il
franchement que ce sont les parties belligérantes (en l’occurrence
l’ex-gouvernement, le MLC, le RCD-Goma, le RCD K-ML, les Maï Maï etc.)
et l’opposition politique qui avaient décidé, de commun accord,
l’organisation des consultations politiques au bout, initialement, de
24 mois de transition ? Pouvait-il ignorer que l’organisation
matérielle des différents scrutins a été financée à plus de 95% par le
monde occidendal et non par le gouvernement transition ? On cherche dès
lors en vain le bien-fondé du titre
«l’homme de parole» que "W"
s’est cru en droit de décerner sans cause à un Joseph Kabila dont le
dilletantisme est devenu plus que légendaire. Est-ce l’aveu d’une
méconnaissance des réalités socio-politiques de la RD Congo par des
pseudo experts américains ?
lobbies miniers
Bush
se moque-t-il des Congolais ? Pouvait-il décemment ignorer qu’une année
après l’organisation des élections - lesquelles ont été entachées
notamment de corruption et d’actes d’intimidation, les Congolais
assistent à la restauration lente mais sûre d’un pouvoir personnel
brutal et autoritaire en lieu et place d’un ordre politique
démocratique, respectueux des droits et libertés ? Pouvait-il également
ignorer que Joseph Kabila est à la tête d’une milice dénommeé
pompeusement "garde républicaine"? N’a-t-il jamais entendu parler du
massacre en janvier dernier de plus d’une centaine d’adeptes du
mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo par des policiers et
militaires dépendant directement de Joseph Kabila ? N’a-t-il jamais
entendu parler de l’attaque, au mois de mars, de la résidence du leader
de l’opposition par des éléments appartenant à la garde présidentielle
? Peut-on imaginer Bush faire bombarder à l’arme lourde la résidence de
son ex-challenger Al Gore? Que dire de la chasse à l’homme lancée à
l’encontre des ressortissants des originaires de la province de
l’Equateur, considérés collectivement comme des militants du Mouvement
de libération du Congo, un parti non clandestin dont le leader vit en
exil au Portugal depuis le 11 avril ? « W » aurait-il été abusé dans sa
"bonne foi" par certains lobbies miniers américains lesquels
considèrent Joseph comme le garant de leurs intérêts mal acquis dans la
province du Katanga ? Selon diverses des sources, il se confirme, en
effet, que Melissa Sanderson, ancienne conseillère politique à
l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa a démissionné l’année dernière de
ses fonctions au "State department" pour prendre en charge la direction
de la communication et les relations gouvernementales de la société
américaine Phelps Dodges Mining Compagny. Cette firme a acquis
l’importante concession minière de Tenke Fungurume.
Promesses non tenues
Lors
de la première visite de Kabila à Washington en novembre 2003, George
W. Bush avait promis l’envoi d’une mission américaine afin d’évaluer
les besoins du Congo notamment dans la lutte contre le sida. Il était
également question de la relance de la coopération militaire. Aucune de
ces promesses n’a été tenue à ce jour. « Trade not aid », clamait
l’ancien président Bill Clinton. Vendredi 26 octobre, « W » a dit son
souhait de voir la RD Congo rétablir son autorité sur l’ensemble de son
territoire national. Ouf ! Ce n’est pas trop tôt. Il a promis de l’aide
pour lutter contre le paludisme. Tous ces engagements généreux restent
à être concrétisés, quand on sait que le monde politique US va très
bientôt entrer en campagne électorale pour les présidentielles de 2008.
Les démocrates semblent avoir le vent en poupe. Signalons que Joseph
Kabila a fait part à son interlocuteur des « priorités » de son
gouvernement. A savoir, « la stabilité et la lutte contre la pauvreté
». Faut-il en rire ou en pleurer quand on sait que l’actuel numéro un
congolais se trouve à la tête du pays depuis bientôt sept ans. En sept
années, il n’a même pas été capable de fournir de l’eau courante et de
l’électricité aux habitants de la capitale. Que dire du reste du
Congo-Kinshasa ?
B.A.W