LE PHENOMENE '' batumbula'' , UN CRIME CONTRE L'HUMANITE DE LA PUISSANCE COLONIALE BELGE LONGTEMPS IGNORE
Plusieurs
contentieux en suspens pèsent lourdement sur les relations
belgo-congolaises et ils n'ont pas encore trouvé des solutions.
Jusqu'ici, lancienne puissance coloniale congolaise s'est bornée de les
esquiver et de laisser trainer le temps pour peut-être de laisser
l'oubli les jeter dans la corbeille du temps, définitivement. Mais il
existe des contentieux qui sont du domaine de l'imprescriptible et qui
ne seront jamais abandonné, sans que les responsabilités ne soient pas
établies et les réparations payées. Le phénomène dont nous parlons en
est un et il importe qu'il soit creusé et plus documenté pour afin
constituer un dossier digne d'un jugement. Nous croyons que les
historiens ont du travail et que la fierté et la conscience nationale
s'en trouveront renforcés.
LPM
Récement; le hasard de la conversation nous avait chaviré loin des
sujets habituels portant sur le gouvernement , son efficacité ,
l'insécurité à l'Est du pays, pour porter sur le phénomène ' Mutumbula'
ou ' Batumbula ' au pluriel, plus connu au KATANGA et au KASAI durant
les trois decennies ayant précédé l'indépendance du pays.
De quoi s'agit-il? Il s'agit des milliers et des milliers des
congolais qui disparurent , enlevés, amenés vers des destinations
inconnues jusqu'à nos jours. Le rapt de ces milliers et milliers de
congolais s'opéra dans l'impunité la plus totale dans les cités
minières, dans les les gares ferroviaires et dans les cités ouvrières
de grandes compagnies coloniales. Dans toutes les agglomérations du
KATANGA, du KASAI, càd, E' VILLE, JADOTVILLE, LUBUDI, TENKE, LUENA
KAMINA, LULUABOURG, PORT- FRANCQUIS, des centaines de congolais
robustes disparaissaient comme par enchantement sans laisser des
traces. Tel un homme qui sortait de la grande maison pour se rendre aux
toilettes communes, en dehors de la maison qui disparaissait
mystérieusement dans des circonstances que d'aucuns s'accordaient
d'affirmer étranges et soudaines. Tel un autre qui allait rendre visite
à des amis dans la soirée, mais qui n'arrive pas à destination. On ne
le retrouvera jamais . Tel un autre voyageur qui disparait dans une
gare ferroviaire , laissant sur le pavé ses bagages et on le recherche
activement sans jamais retrouver ses traces.
La suspicion se saisit de la population congolaise et la terreur
aussi. Désormais tout le monde prend des précautions, et on ne commet
plus l'erreur de se déplacer isolé. Le comportement de certains
congolais dont les randonnées nocturnes sans crainte attirent
l'attention des autochtones et certaines personnes sont pointées du
doigt. Avec les précautions de la population, les ravisseurs dont
l'appétit d'avoir davantage des victimes s'est accrue prennent des
risques et commettent forcément des erreurs ou tout simplement se
mettent à table après des échecs retentrissants.
Pour donner des exemples concrets, prenons le cas de LUBUDI ou un
certain Mr KATOMBA invite sa mère de MFWAMBA , du KASAI. Celle-ci doit
vivre chez lui en respectant les interdits de la tradition à LUBUDI.
Elle fréquente des toilettes éloignées de la maison de son fils et ne
peut entrer par la même porte que lui. L'irréparable arrive lorsqu'on
ne prends pas les précautions d'usage. Elle tombe entre les mains de
'Batumbula' et disparait. Lorsqu'on va la rechercher là où elle passait
nuit pour le souper , on ne la retrouve pas. Elle disparait
mystérieusement. Or les ressortissants de MFWAMBA sont très nombreux à
LUBUDI. Ils s'insurgent et manifestent bruyamment contre cet enième
enlèvement devant l'administrateur de la cité , un colon. Celui-ci
craignant une émeute promet de retrouver la dame et cela se fera
quelque temps après. Car toutes les recherches à MFWAMBA et ailleurs
demeurent stériles. La dame sera retrouvée vers BIANO, un lieu de
villagieture des colons isolé et crédité par les soupçons populaires
d'être la destination des enlevés.
Quelques congolais à LUBUDI sont soupçonnés d'appartennir à la
bande qui opèrent ces rapts. Il s'agit d'un certain SAMOYA et un
certain KITAMBALA qui sont des fois tombés sur des os, qui , lieu de
maitriser les victimes, ce sont les victimes qui les maîtrisent eux
mêmes.Ils avouent être des 'batumbila' et qu'ils recoivent des ordres
de l'administrateur coloniale de LUBUDI et du chef de la cité , tous
les deux des colons. Desormais , on sait qui sont de 'batumbula' à
LUBUDI. Les deux comparses cités plus haut deviennent des pestiférés
pour les autochtones et on les évite soigneusement. Mais la pression
des commanditaires colons se fait plus forte, et les 'batumbula
congolais ' vont commettre d'autres erreurs toujours à LUBUDI.
Les ravisseurs capturent un certain MAYOMBO qui revenait de la
cité de LUBUDI et l'amènent. MAYOMBO n'est plus jeune. Les
commanditaires le rejettent. Un nouveau 'Mutumbula ' qui est à la base
de ce rapt ne veut le relâcher afin de ne pas âtre denoncé. Il le tue
et cela révolte tous les agents de la BCK, la société des chemins de
fer dans laquelle travaillait MAYOMBO. Les 'Batumbula' connus sont
molestés, ils denoncent et leurs commanditaires belges et le nouveau
qui est à la base de cette ineptie. Car, il s'était établi un modus
vivendi qui faisait qu'on ne s'en prenait pas aux travailleurs de la
société et à leurs proches, mais que les proies devaient demeurer les
personnes isolées et inconnues dans le mlilieu.
La plus grave erreur à LUBUDI fut l'enlèvement d'un 'MULUBAKAT'
( Muluba du KATANGA)vers la cité ouvrière de la cimenterie de LUBUDI.
Or cette communauté constituait l'essentiel de la main d'oeuvre de
cette compagnie qui produisait le ciment . Plus d'une centaine des
'balubakat' vont se mettre sur le sentier de la guerre et déterrer les
lances et les flèches au point d'inquiéter la quiétude de la cité.
L'Administrateur fera alors appel à la force publique, l'armée
coloniale pour mâter l'insurrection. Ce qui est une mesure
exceptionnelle, car jusque là personne n'avait jetté les regards sur
cette armée basée à Jadotville.
Des scènes comme celles decrites ici eurent lieu partout , à
Luena; à Kamina; à E'ville, sans pour autant donner lieu à des enquêtes
sérieuses pouvant mettre en cause les colons soupçonnés et dénoncés par
leurs complices congolais, soit pour avoir été pris la main dans le
sac, soit lors de leur confession avant de mourir. Et l''oubli aidant,
ces faits sont perdus à jamais. Le mystère reste entier en ce qui
concerne ce que l'on faisait de ces gens enlevés. Pour plusieurs, ces
personnes enlevées étaient envoyées vers BIANO, un lieu de villagieture
des colons isolé , qu'ils fréquentqient assidumment seuls. Là, les
enlevés étaient engraissés à la manière des porcs et après,ils étaient
mangés. Cette hypothèse fut de loin la plus populaire au KATANGA, mais
elle ne satifait pas lorsque certaines remises en question sont
soulevées. Par exemple où enterraient ils les ossements? Pourquoi les
complices congolqis de Bqtumbula n'ont jamais fait des confessions à
leur mort pour avouer leur participation aux divers rapts?
Il reste la deuxième hypothèse, la plusplausible. Les raisseurs
vendaient leurs victimes comme main-doeuvre vers l'Amérique, l'Europe,
où les grands chantiers pour la reconstruction requéraient davantage de
main-d'oeuvre moins cher. Ces esclavagistes modernes après aoir drogué
leurs victimes, les envoyaient travailler et empochaient des énormes
sommes d'argent. L'esclavagisme en plein vingtième siècle. Les Arabes,
les chantiers du Brésil étaient toujours partie prenante.
On pourra me retorquer que ce ne sont là que des présomptions, sans
aucune preuve. Mais on ne pourra jamais nier les enlèvements; les
témoignages des 'Batumbula' congolais repentants qui n'avaient jamais
donner lieu à des enquêtes de la part de l'autorité coloniale. Et puis,
qui pouvait se soucier de ces pauvres hères enlevés tant que le
NEW-YOEK time de l'époque ou encore le soir de la Belgique ne s'était
pas ému?
Il importe donc aque les congolais qui avaient perdu les leurs; que
les inellectuels et les historiens se mobilisent pour afin apporter à
la lum_ère cette épisode sombre de notre histoire avec les Belges.