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LOSAKO
29 août 2007

Traque des Interahamwe... Les opérations militaires conjointes posent problème

KivuLa sécurité dans la région des Grands Lacs demeure préoccupante. La neutralisation des forces négatives est plus que jamais à l’ordre du jour. Le Rwanda croit dur comme fer que des opérations militaires conjointes contre les rebelles hutus, à l’intérieur de la RDC, apporteraient la solution longtemps attendue. La vision de Kigali sur la question soulève des interrogations.

Les chefs d’états-majors généraux des armées rwandaise, ougandaise, burundaise et congolaise se sont retrouvés à Kigali lundi et mardi derniers pour examiner des voies et moyens susceptibles de mettre un terme à l’insécurité qui prévaut le long des frontières communes entre la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ces officiers supérieurs se rencontrent pour étudier ensemble les questions sécuritaires et militaires. Déjà au mois d’avril, ils étaient à Bujumbura. Mais ils ne sont jamais parvenus à concrétiser leurs souhaits au regard des implications tant militaires que politiques des Etats, compte tenu d’un passé récent, trouble, qui a caractérisé les relations entre ces pays de l’Afrique des Grands Lacs. Et aussi, surtout, du fait que la décision pour de telles actions relève souvent de la hiérarchie politique des Etats.

Avant la rencontre de Kigali, le Rwanda avait sollicité le feu vert de la RDC pour mener des «opérations militaires conjointes» afin de traquer les interahamwe, tel que stipulé d’ailleurs dans l’Accord de Lusaka. En réalité, le Rwanda ne propose rien d’autre que des opérations militaires conjointes, limitées dans le temps, avec un commandement militaire bicéphale. Ce qui évidemment compliquerait les choses du fait des intérêts particuliers des uns et des autres.

Que le Rwanda revienne subtilement avec la proposition de «mixage», sous la forme des opérations militaires conjointes, on sait désormais d’où est venue l’inspiration qui a infiltré les forces armées congolaises avec l’approche du «mixage». Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les opérations conjointes militaires entre les FARDC et l’APR aboutiraient au même résultat négatif. La présence des militaires rwandais en RDC serait d’ailleurs mal interprétée par les populations congolaises et considérée comme une nouvelle agression ou occupation étrangère. Ce qui fragiliserait l’autorité de Kinshasa vis-à-vis des populations congolaises.

UNE OPTION DEFINITIVE

Evidemment, la question récurrente est de savoir comment l’armée rwandaise, appuyée par l’ex-armée du RCD, et qui avait occupé pendant plus de trois ans la partie Est de la République, n’était jamais parvenue à neutraliser les Interahamwe. Comment aujourd’hui, avec une certaine obsession, Kigali est-il convaincu qu’avec des opérations conjointes, l’on arrivera à bout des interahamwe ? Après combien de temps Kigali pense-t-il que ces opérations prendraient fin avec succès ?

Ces interrogations doivent amener toutes les parties à trouver rapidement une solution définitive. Pour y parvenir, il faudra cesser de continuer à tourner autour du pot mais aller droit au but. Car, les groupes négatifs, à force de tirer les choses en longueur, ont donné des ailes au groupe armé de Nkunda qui justifie sa présence par l’existence justement des Interahamwe qui menaceraient la sécurité des «banyamulenge».

Puisqu’il faudra faire avancer les choses dans l’intérêt supérieur des peuples de la région, les pays concernés doivent jouer carte sur table. L’Accord de Lusaka, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la Communauté économique des pays des Grands Lacs bénéficient du soutien incontestable de l’Union africaine, de l’Onu et de l’Union européenne.

Par conséquent, il importe de lever ensemble une option définitive pour neutraliser les forces négatives. Celle-ci devra comporter deux volets : militaire et politique ou diplomatique. Faut-il rappeler que c’est une force africaine qui devrait appuyer les FARDC pour neutraliser les interahamwe ? Si cette décision n’a pas connu de suivi, c’est tout simplement parce que l’Union européenne qui avait promis la logistique nécessaire ne s’est jamais exécutée. Le moment est venu de se rattraper.

ASSISTER LE RWANDA

Au plan militaire, il revient à la République démocratique du Congo, que l’on accuse manifestement «d’incapacité» à neutraliser les forces négatives, de présenter une stratégie militaire qui doit être absolument soutenue par l’Onu, l’UE et l’UA. Le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda exclus des opérations militaires, l’on devra aider la RDC à chasser de son territoire tous les groupes armés qui entretiennent l’insécurité dans la région.

Mais pour déboucher sur une solution durable de paix et de sécurité, les mêmes partenaires ont l’obligation morale, diplomatique et politique d’assister le Rwanda à trouver une solution politique inter-rwandaise. L’essai a été concluant au Burundi et en RDC. L’Ouganda est sur la voie, il a engagé des pourparlers avec la rébellion LRA. Pourquoi tergiverse-t-on avec les interahamwe ?

S’il est établi que ces derniers sont des génocidaires, ils doivent répondre de leurs crimes devant la justice nationale ou internationale. Chercher à les neutraliser ou à les éliminer en terre congolaise, serait privilégier «la justice expéditive, se faire justice soi-même». Ce serait aussi un crime contre l’humanité qui rendrait la RDC complice.

La comédie a assez duré avec le même refrain. Le courage politique, de la part tant des pays concernés de la région que de la communauté internationale, consiste à quitter les sentiers battus pour des solutions réalistes, conduisant vers une paix durable.

Certes, l’Afrique des Grands Lacs n’a pas encore le pétrole du Darfour pour «émouvoir» la communauté internationale. Mais ce n’est pas une raison pour multiplier des «génocides en Afrique», en laissant, d’une part, les groupes armés écumer la région des Grands Lacs. Et en autorisant, d’autre part, certains gouvernements à refuser de dialoguer avec leurs opposants, si génocidaires fussent-ils.

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