Tous les ingrédients pour un mois de septembre implosif sont réunis. Les étudiants finalistes menacent de manifester si d’ici-là la bourse n’est pas payée. Les parents d’élèves n’entendent plus prendre en charge les enseignants. Ceux-ci exigent l’application du premier pallier de Mbudi. Les provinces en ont hâte de retenir à la source 40% de recettes. A défaut de tenir ces promesses, le Président Kabila n’aura d’autre choix que de remanier en profondeur ou de déchoir le gouvernement.
A la réunion du Conseil des ministres du vendredi 3 août dernier, le Premier ministre Antoine Gizenga a donné une importante directive aux membres du gouvernement. Chaque ministre est sommé de déposer à la Primature le Programme d’Actions Prioritaires pour le dernier semestre 2007. Mais avant de penser au dernier semestre, il faudrait se demander si l’actuelle équipe gouvernementale passera avec succès l’évaluation annoncée pour le mois de septembre prochain. L’éventualité d’un remaniement en profondeur ou d’une déchéance du gouvernement se précise de plus en plus. Plusieurs éditorialistes jugent les premiers mois du mammouth inefficaces. Fin février, ils étaient déjà nombreux à avancer que la taille éléphantesque du gouvernement -60 ministres et vice-ministres- était difficile à concilier avec l’efficacité. Certains fustigeaient le choix des animateurs, pour la plupart, accusés de néophytes. En six mois d’existence, l’ensemble de l’exécutif n’a pas été en mesure de mobiliser les Congolais. Les promesses électorales tardent à se réaliser. Certes qu’une explication peut-être trouvée. Le fait, par exemple, de dire que le mandat est de cinq ans et non de 100 jours. Le fait aussi d’affirmer que le programme est quinquennal. Ou encore le fait de mettre en avant le lourd héritage du défunt 1+4 et des régimes dictatoriaux. On peut concéder. Mais il y’a des promesses qui n’attendent que le mois de septembre prochain. C’est le cas de la paie de la bourse aux étudiants finalistes du secteur public. Lors de l’adoption de la loi budgétaire en juin dernier, le gouvernement s’engageait à rendre la bourse effective à partir du mois de juillet 2007. Les étudiants finalistes se mirent à rêver. Et l’attente s’est révélée plus longue que prévue. Le mois de juillet est passé, ils n’ont touché. Le mois d’août est entamé. Loin ici l’idée de faire un amalgame, le gouvernement ayant rejeté toute responsabilité dans ce retard. Il faudrait plutôt voir du côté des chefs d’établissements qui mettent énormément du temps à apprêter les lites des étudiants boursiers, les palmarès et les procès-verbaux de délibération. Des mesures drastiques prises, semble-t-il, pour éviter la fraude. A force de remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui, les étudiants risquent de commencer le mois de septembre sans avoir été payés. Le comble dans cette affaire, c’est qu’ils se mettront à revendiquer. A imaginer que cela coïncide avec la nouvelle année scolaire 2007-2008 dont les enseignants conditionnent la rentrée par l’application du premier pallier de l’Accord de Mbudi. Ajouter à cela tous les problèmes liés à la suppression de la prise en charge des enseignants par les parents. Aux problèmes sociaux viendront se greffer des problèmes politiques entre l’Etat central et les provinces. Notamment, la délicate question de la rétrocession ou de la retenue à la source de 40% de recettes par les provinces. La loi essentielle sur la décentralisation ne sera pas adoptée avant la rentrée parlementaire du 15 septembre. Voici comme par ironie du sort tous les ingrédients réunis pour une implosion.

A chacun de faire son travail.