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LOSAKO
19 juillet 2007

Contradiction entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale

conseil_ministresAffaire Kahemba, qui dit la vérité ? Cette interrogation demeure d’actualité au lendemain de l’audition du rapport de la Mission parlementaire sur Kahemba. Le constat est clair : la contradiction est flagrante entre les conclusions du Gouvernement, celles des experts, d’une part, et de la Mission parlementaire de l’Assemblée nationale, de l’autre. L’on ignore encore les conséquences qui pourraient en résulter entre la République démocratique du Congo et l’Angola si cette contradiction persiste. Serait-ce pour éviter le pire que le chef de l’Etat est attendu dans les prochains jours à Luanda ?

La plénière d’hier mercredi à l’Assemblée nationale a été dominée par l’audition du rapport de la Commission parlementaire sur la situation qui prévaut à Kahemba, dans la province du Bandundu depuis le début de cette année. Situation qui a soulevé un torrent de commentaires dans la mesure où la version privilégiée dès le début faisait état d’occupation d’une partie du territoire national par l’armée angolaise. Ensuite, de non-occupation du territoire congolais par l’armée angolaise.

Cas de flagrance qui porte atteinte à l’intégrité territoriale et surtout à la souveraineté de l’Etat congolais. Aussitôt dit, aussitôt dénoncé, des missions se sont engagées pour faire l’état des lieux de manière à rétablir l’équilibre des choses. Ainsi, des missions ont été initiées au niveau du gouvernement sous les auspices du ministre de l’Intérieur. Missions appuyées par celles des experts tant angolais que congolais avant que les politiques ne s’en mêlent. C’est ainsi qu’une délégation du gouvernement angolais a effectué le déplacement de Kinshasa et qu’une commission technique mixte de deux pays a été mise sur pied pour tirer les choses au clair.

Devant cette situation, l’Assemble nationale avait également jugé utile d’instituer une commission parlementaire qui s’est rendue à Kahemba au mois de mars 2007. C’est donc hier mercredi que son rapport a été rendu public et discuté au niveau de l’Assemblée nationale. Constat : des contradictions sont flagrantes.

GOUVERNEMENTS ANGOLAIS, CONGOLAIS ET EXPERTS : MEME LANGAGE

Depuis le début de cette affaire qui risque de porter un coup dur aux relations entre la République démocratique du Congo et l’Angola, surtout avec les expulsions récentes des ressortissants congolais d’Angola, les autorités angolaises ont toujours soutenu qu’il n’y a pas violation de territoire. Elles ont plutôt relevé la mauvaise interprétation des faits et que les déclarations des hommes politiques congolais prêtaient à confusion ; qu’elles étaient de mauvaise foi.

Pour rétablir la véracité des faits, une commission technique mixte avait été mise en place. Il ressort des éléments de conclusion de cette commission mixte congolo-angolaise établis le 11 avril à Lunda Norte que « le Poste de Police de garde frontière angolaise se situe à 130 m de la Borne 21 au sud du parallèle 7’00’00 dans le territoire angolais où flotte le drapeau ». Comme pour dire qu’il n’y a pas eu violation du territoire congolais. Le même rapport précise que les villages Shayimbwanda, Shayingi, Shakadiata se trouvent en territoire angolais. Quant au village Shakombe qui se trouve en territoire congolais, il ne pose aucun problème.

Les experts de l’Institut géographique du Congo qui se sont rendus également à Kahemba, sont parvenus à la même conclusion. S’appuyant sur des données techniques ou scientifiques, ils ont affirmé qu’il n’y a pas eu violation du territoire. Certes, un mouvement de déplacement des populations a été observé. Mais, ce déplacement des populations qui ont toujours vécu en harmonie, ne remet pas en cause l’intangibilité des frontières.

Sur base de ces éléments techniques qui partent du 7ème parallèle sud pour délimiter les frontières, ces experts ont conclu en quelque sorte un non-lieu. Que les bornes 21 et 23 sont conformes à celles reprises dans le traité de 1891 et que l’intangibilité donc des frontières a été respectée. En plus, selon les mêmes données techniques, la paillote de la police angolaise où flotterait le drapeau angolais est construite à 120 m de la frontière puisque la latitude sud est de 7°004795S, c’est-à-dire en territoire angolais. Comme s’ils confirmaient la teneur de la lettre 09/07 /1956 du commissaire de district de cette époque sur les incidents survenus au même endroit, à Kahemba. Le commissaire de district d’alors demandait aux populations d’abandonner leurs emplacements et de réintégrer le Congo. En cas de refus, il leur signifiait qu’ils dépendraient désormais de l’administration angolaise.

Fort de ces éléments techniques, le gouvernement congolais avait clôturé le dossier à son niveau, donnant raison au gouvernement angolais. Accent a été mis toutefois de poursuivre les entretiens en vue de parvenir à une solution politique globale et satisfaisante

LE REJET DE L’ASSEMBLEE NATIONALE

Mais au cours de sa plénière d’hier mercredi, les députés ont rejeté la conclusion du gouvernement. Au regard des témoignages recueillis auprès des populations, ils confirment l’occupation du territoire congolais par la partie angolaise. Ils affirment dans le rapport « que les villages concernés par ce conflit avec l’Angola se situent entre la borne 20 et 21 et qu’il s’agit des villages congolais habités par des citoyens congolais. Que ces villages sont aujourd’hui sous contrôle des forces angolaises ; les forces angolaises les ayant probablement investis très lourdement en ont empêché fermement la visite à notre Commission ». En un mot, les députés rejettent « les conclusions techniques de la Commission mixte angolo-congolaise ». D’où toute la gravité du problème entre deux institutions nationales en totale contradiction.

Entre-temps, ils ont suggéré que le ministre de l’Intérieur soit interpellé pendant qu’il est envisagé la mise sur pied d’une autre commission de contrôle.

La contradiction est donc flagrante. Mais dès lors que la RDC sera divisée sur cette question, quelle version privilégiée ? Seraient-ce les considérations techniques ou politiques après les témoignages recueillis auprès des populations ? Il est entendu qu’auprès des instances judiciaires internationales, priorité sera accordée aux données techniques. Ce qui pourrait nécessité les avis de la Belgique et du Portugal.

En attendant, l’on n’est pas encore là. Il nous revient que le président de la République est attendu dans les tout prochains jours en Angola. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la question « Kahemba » sera au menu des entretiens de deux chefs d’Etat qui, jusque-là, ont privilégié la voie politique pour régler définitivement ce différend.

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