Un journaliste congolais a été "violemment" battu samedi à Kisangani, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), pour avoir filmé le cortège du président Joseph Kabila, a dénoncé mardi l'organisation de défense de la presse Journaliste en danger (JED).

Dans un communiqué transmis à l'AFP, cette ONG locale "proteste énergiquement contre le passage à tabac de Ernest Mukuli", journaliste à la radiotélévision Amani (RTA), propriété de l'église catholique à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale où M. Kabila a présidé samedi un défilé militaire pour le 47e anniversaire de l'indépendance du pays.

Le journaliste a été battu par cinq hommes en civil qui ont "fait irruption dans les studios de la station, vers 13H00, à la recherche du journaliste qu'ils auraient aperçu au balcon du bâtiment abritant la radio, en train de filmer le passage à pied du président de la République accompagné d'une foule immense (...) juste après le défilé".

Selon le journaliste interrogé par JED, ses agresseurs ont débarqué au siège de la RTA "à bord d'une jeep de la Garde républicaine (GR)". Ils l'ont roué de coups devant ses collègues avant d'emporter une caméra de la télévision.

Ernest Mukuli a également déclaré à JED avoir reconnu l'un d'entre eux, qu'il avait vu sur les lieux du défilé.

Des responsables de la GR à Kisangani ont nié toute implication de leurs éléments, laissant entendre que le passage à tabac du journaliste avait été commis par des agents de sécurité d'autres services.

JED demande au gouvernement de sanctionner les responsables et appelle les institutions à "concrétiser par des actes leurs engagements en faveur de la démocratie et de la liberté d'expression".

L'ONG constate qu'il "devient de plus en plus difficile pour des journalistes de filmer des scènes banales de la vie dans certaines villes du pays sans se retrouver entourés par une meute des services de sécurité qui exigent des ordres de mission".