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LOSAKO
26 juin 2007

Divergences UE-RDC

swisstxt20070308_7600863_0La réforme des services de sécurité est à l’ordre du jour. Plus particulièrement la restructuration des Forces armées de la République démocratique du Congo. Le gouvernement en a fait l’une de ses priorités et les partenaires extérieurs ont été invités à apporter d’urgence l’aide nécessaire pour l’intégration, l’entraînement et l’équipement des Forces armées et de la Police nationale. Quelle approche adoptée pour faire accélérer les choses dan le but de préserver les acquis déjà obtenus ? Les discussions achoppent à ce niveau.

La restructuration des Forces armées de la République démocratique du Congo est plus qu’une priorité. Elle s’inscrit dans le cadre de l’élaboration de la « Stratégie de sécurité nationale ». Ce qui explique que dans sa Résolution 1756, le Conseil de sécurité demande et « engage le gouvernement et ses partenaires, notamment l’Union européenne à s’entendre rapidement sur les moyens de coordonner leur action et de mener à bien la réforme du secteur de sécurité en s’appuyant sur les résultats obtenus ».

C’est certainement dans ce cadre qu’il faudra situer la dernière mission de la délégation du Conseil de sécurité des Nations unies en République démocratique du Congo. L’accent a été mis pour favoriser et accélérer la restructuration des forces armées congolaises pour une paix durable.

Dans le même ordre d’idées, il convient également de comprendre le séjour de M. Smets, envoyé spécial de la Belgique pour la région des Grands Lacs. A une question de la presse sur l’aide à apporter en vue de la restructuration de l’armée, l’envoyé spécial de la Belgique a évoqué les conditions soulevées par son pays. Il invite le gouvernement congolais à prendre des sanctions contre des éléments indisciplinés pour ne pas ternir l’image de l’armée, mais surtout celle des partenaires qui s’impliquent dans la restructuration de l’armée.

Allusion faite aux fosses communes découvertes en Ituri et au Kivu imputées aux éléments de la première brigade intégrée formée par la Belgique. Pour l’envoyé spécial de la Belgique, il ne sera pas possible de continuer à former des militaires qui s’acharneraient ensuite sur les populations. Ce qui serait également l’avis d’autres pays membres de l’Union européenne. Une façon d’interpeller le gouvernement congolais, d’exercer une pression sur lui pour combattre l’impunité et consolider la discipline militaire.

DES DIVERGENCES

Cependant, il nous revient que de grandes divergences apparaissent dans l’approche à adopter pour poursuivre la restructuration de l’armée. Les pays de l’Union européenne entendent travailler dans une coordination pour entraîner et équiper les Forces armées congolaises. En d’autres termes, poursuivre les actions convenues dans les différents programmes conclus avec le gouvernement dans le cadre de la coopération multilatérale. Ils veulent donc s’inscrire dans l’esprit et la lettre de la Résolution 1756.

Par contre, si le gouvernement congolais respecte les termes de cette même résolution, en plus de ce fait que la sécurité relève du domaine de la souveraineté nationale, il propose toutefois que l’on privilégie des accords bilatéraux en vue d’atteindre cet objectif. Aussi, revient-il aux Congolais de signer des accords bilatéraux de défense avec des pays amis ou partenaires extérieurs pour qu’ils apportent l’aide nécessaire à l’intégration, à l’entraînement et à l’équipement des forces armées et de la Police nationale.

Le gouvernement congolais estime efficace cette approche qui pourrait accélérer le processus de restructuration de l’armée. Car, reconnaît-on dans certains milieux gouvernementaux, le brassage n’a pas encore donné les résultats escomptés. Ne parlons pas de mixage rejeté par les membres du Conseil de sécurité. Raison pour laquelle le gouvernement soutiendrait cette approche qui s’appuie sur des accords bilatéraux.

Les discussions achoppent également sur l’option à lever pour ramener la sécurité à l’Est du pays. On sait à ce propos que le gouvernement entend mener la politique du bâton et de la carotte. Si l’option politique n’est pas exclue, pour preuve cette initiative de l’organisation d’un dialogue inter-communautaire, l’option militaire est également envisagée pour dissuader les forces négatives à désarmer et à s’inscrire dans le contexte du programme DDR.

Or, à entendre l’envoyé spécial de la Belgique, il faut privilégier l’option politique plutôt que « d’envisager des actions militaires mal préparées ». Les pays de l’Union européenne affirment que la solution armée aura des conséquences néfastes sur les populations. Loin d’eux l’idée de soutenir les groupes armés. (Sic.)

BRASSAGE DE 1962

Comme on peut le constater, les divergences apparaissent quant à l’approche à adopter tant pour restructurer le Forces armées congolaises qu’à faire revenir la sécurité dans le grand Kivu. En d’autres termes, toutes les parties intéressées ne sont pas encore parvenues à un point de convergence pour accélérer la réforme des services de sécurité en commençant par la restructuration de l’armée qui passe jusqu’à preuve du contraire par le brassage.

Or, la République démocratique du Congo n’est pas à son « premier brassage ». Déjà en 1962, juste après les sécessions katangaise, kasaïenne et la rébellion mulele, il y a bel et bien eu brassage qui a été une réussite. Ce succès, on le doit à la volonté des militaires qui avaient compris la nécessité de disposer d’une armée nationale et de mettre fin à des confrontations armées qui avaient endeuillé le pays et détruit les infrastructures socio-économiques.

Le deuxième élément de ce succès découle du fait que tous ces militaires étaient sortis d’une même moule. Mais à la suite de certaines circonstances, ils se sont retrouvés dans les différents coins de la République lorsque des divergences politiques ont éclaté. Mais une fois qu’ils avaient compris la nécessité de doter le pays d’une armée, tout s’est passé dans de bonnes conditions : chaque responsable militaire s’est impliqué, s’est engagé au service de la Nation. Les permutations qui sont intervenues par la suite n’ont posé aucun problème. Il n’y avait plus d’armée katangaise, sud-kasaïenne, les groupes armés mulele, etc. Qui plus est, les politiques ont laissé les « militaires » faire.

Or, depuis les négociations inter-congolaises à Sun City, la question de la restructuration de l’armée a soulevé des débats houleux. Pour des raisons peut-être liées à l’existence des agenda cachés, des observateurs avertis ont constaté l’interférence de personnalités politiques dans des questions militaires. Aussi, lorsqu’il a été décidé de procéder au brassage des forces armées congolaises, les mêmes politiciens ont pesé de tout leur poids pour occasionner le retard actuel et des insuffisances que l’on déplore.

Bien plus, les différents responsables militaires des ex-belligérants n’ont pas suivi le cursus militaire normal. Certains d’entre eux doivent leur ascension militaire à des relations amicales, familiales ou ethniques, pour ne pas dire régionales. Toutes ces incohérences sous-tendent aujourd’hui ces difficultés rencontrées pour accélérer la restructuration de l’armée. Fait perceptible : les Forces armées congolaises compteraient plus d’officiers que dans d’autres armées africaines

La question étant d’une importance capitale, il y a lieu d’approfondir les échanges de vue entre partenaires pour accorder le bénéfice d’urgence à ce problème de manière à disposer, dans un délai raisonnable, d’une armée des professionnels; objectif fixé par le gouvernement. Mission confiée sûrement au nouveau chef d’Etat-major général des FARDC. Il y va de la poursuite normale et encourageante du processus politique en République démocratique du Congo.

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