Kengo ne doit pas se tromper d’époque / Seul Dieu ne change
L’homme est un véritable caméléon, foncièrement conditionné par l’environnement.
Comme l’animal à quatre pattes, l’homme épouse à sa manière la couleur locale
afin d’évoluer en harmonie avec le reste de la biodiversité qui l’entoure. Le
mal aimé d’hier ne l’est pas forcément aujourd’hui, moins encore demain aussi
longtemps que celui-ci se donne la peine de se ranger. Autant que lui, ses
partenaires ne sont immunisés contre cette mutation tant qu’elle joue en faveur
de l’intérêt supérieur de la communauté. La température prélevée du dernier vote
qui vient d’avoir lieu à la Chambre haute du parlement qui constituait son
bureau définitif, est édifiante. Qui l’eut cru ?
L’élection de Léon Kengo wa
Dodo au poste de président de cette institution majoritairement gagnée à un seul
courant politique apparemment opposé à cette candidature, est un signe de temps
qui ne trompe personne. Depuis la tenue des élections, la République
démocratique du Congo semble engagée dans un tournant qui ne fait de cadeau à
personne, en ce sens que rien n’est gagné d’avance pour qui que ce soit. La
sanction des électeurs, " petits " et grands, mérite une appréciation
approfondie, quelle que soit son issue. Celle-ci qui ne peut contenter tout le
monde à la fois est pareille à cette pensée de Shakespeare qui énonce qu’ " on
ne peut être honnête sans blesser quelques sensibilités, ni satisfaire à tous
".
L’essentiel étant d’être honnête, le verdict des urnes l’est dans la
mesure où il traduit la volonté de la majorité qui est souveraine dans le
système démocratique. Notre pays a l’ambition de s’engager résolument dans cette
voie avec à la clé, un appareil étatique qui doit lui assurer en plus le
développement sur base des ressources naturelles disponibles, mais qui souffrent
réellement de la léthargie. La dynamique d’un Kengo wa Dodo que l’on reconnaît
comme l’homme de la rigueur, la discipline et l’ordre peut faire décanter la
situation.
" La rigueur est à la gestion ce que l’éthique est à la morale ",
a-t-il lancé dans son discours " improvisé " devant ses pairs. Le contexte
actuel en République démocratique du Congo a présentement besoin de ces qualités
qui ont longtemps fait défaut dans la gestion de la chose publique et maintenu
longtemps ce géant d’Afrique au pied de la pyramide des autres pays, souvent
moins crédités de succès au départ par rapport à lui. Ce paradoxe est à la
hauteur de la surprise du vendredi soir à la Chambre haute du parlement, au
Palais du peuple à Kinshasa. Au sein des soixante-dix sénateurs Amp soutenant en
principe leur candidat, un concurrent " Indépendant ", logiquement soutenu par
une minorité amputée de surcroît d’une voix, ce dernier a gagné 55 voix contre
49 sur 106 votants avec 2 abstentions. Ces électeurs ont éventuellement exprimé
leur soif sur quelque qualité à même de permettre le décollage de ce pays et
qui, dans leur entendement serait incarnée dans le candidat qu’ils ont
choisi.
La République démocratique du Congo a besoin de telles mutations qui
poussent parfois leurs acteurs à se faire violence dans les choix à opérer
pourvu que la nation, et non l’individu, trouve son compte. Seul Dieu ne change
pas, et l’être humain qui se comporte de cette façon est traité d’imbécile.
Kengo n’a pas le droit de décevoir ceux qui lui ont fait confiance à tous les
niveaux.