Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
18 avril 2007

" Cinq chantiers " : le financement est hypothétique

Le budget 2007 se fait attendre. Il n'empêche qu'à la Primature et au niveau du ministère du Budget, des réunions se succèdent pour mettre la dernière main à ce document de politique économique et sociale du gouvernement. Mais à la séance de travail du lundi 16 avril 2007 à la Primature, il ressort, selon les premiers éléments d'information, que le budget 2007 avoisinerait 1,85 milliard de dollars américains pour l'1364426662exercice 2007. Pas si loin du Budget 2006. Du coup, l' on s'interroge sur l' exécution du programme du gouvernement, conçu autour des " cinq chantiers". D'autant qu'il est fait état d'une certaine réticence de la part des bailleurs de fonds à mettre la main dans la poche.

A l'issue de la rencontre organisée le lundi 16 avril à la Primature autour du Premier ministre, il a été levé un pan de voile sur l'état d'avancement du dispositif mis en œuvre par le gouvernement pour finaliser avant fin avril - la promesse est du gouvernement - le projet de loi budgétaire 2007. Il devra ensuite être soumis à la sanction de l'Assemblée nationale. La nouvelle intéressante de cette réunion a été évidemment la hauteur du budget que le gouvernement prévoit pour cette année 2007. Il s'agit, selon le vice-ministre du Budget qui s'est confié à la presse, d'une enveloppe équivalant, en dollars américains, à près de 1,850 milliard Usd.

Moins de deux milliards de dollars américains. C'est le montant que le gouvernement espère mobiliser - en ce compris les apports des partenaires extérieurs - pour entamer les grands travaux prévus dans le programme du gouvernement, adopté en février 2007 à l'Assemblée nationale. D'ores et déjà, des inquiétudes sont exprimées sur sa capacité à réussir la première phase des "cinq chantiers " du chef de l'Etat, tel que prévu dans le programme du gouvernement en cette année 2007. C'est donc à un véritable arbitrage des priorités que devra se livrer le Premier ministre Antoine Gizenga pour trouver un espace de réalisation de grands travaux retenus dans son programme.

REALISATION HYPOTHETIQUE

Le programme précisait en des termes clairs que tout devait commencer par le volet infrastructures " qui constitue l'épine dorsale des engagements du chef de l'Etat au regard de son rôle moteur dans la reconstruction du pays, dans la création des emplois et dans l'accès aux services sociaux de base ". Mais, avec quels moyens Antoine Gizenga entend-il relever tous les défis de son gouvernement ? C'est la grande question que l'on se pose au regard de la modicité de la cagnotte budgétaire prévue en 2007. Le montant avancé par le vice-ministre du Budget ne diffère en rien des budgets précédents proposés pendant la transition " 1+4 ". Or, cette évaluation a été critiquée en son temps par des spécialistes qui estimaient que ce budget était irréaliste et que le coût de la reconstruction de la RDC est de loin plus important.

Sur quelle base Antoine Gizenga compte-t-il se fonder pour exécuter harmonieusement son programme, et par surcroît, rencontrer le vœu du chef de l'Etat au travers de ses " cinq chantiers " avec un budget aussi modique ?

La réussite du programme du gouvernement repose sur ses capacités à réussir le pari de la reconstruction. Le parchemin du gouvernement fixe les objectifs retenus pour les cinq années à venir et circonscrit les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

A ce propos, le programme note que " L'objectif global du programme est la matérialisation de la vision du président de la République de rebâtir un Congo uni, fort et prospère. Pour matérialiser cette vision, les actions à mener à travers les 5 chantiers prioritaires auront pour principale cible le retour à une croissance forte et partagée ". Comment y arriver ? Antoine Gizenga pensait s'appuyer sur un certain nombre de repères, convaincu que " la mise en œuvre de ces cinq chantiers va nécessiter un certain niveau de dépenses de l'Etat compatibles avec le cadre macroéconomique ".

Il fondait sa conviction sur le fait que " selon les prévisions faites dans le cadre des dépenses à moyen terme, les dépenses totales de l'Etat devraient augmenter sensiblement de 15,8% du PIB en 2006 à 29 % du PIB en 2009, principalement en raison de l'accroissement des investissements publics dans les secteurs prioritaires ". Parallèlement, il promettait de maintenir le rythme dans l'effort d'amélioration de la qualité de la dépense publique : " les objectifs en matière de maîtrise des dépenses seront poursuivis à travers une politique salariale prudente (un accroissement moyen de 4,69 % du PIB en 2007 à 4,71 % en 2009) au profit d'un accroissement des investissements sur ressources propres qui passeraient de 0,6 % du PIB en 2005 à 1,8 % du PIB en 2001 ".

A côté de ces orientations se rapportant aux dépenses de l'Etat, Antoine Gizenga pensait, en ce qui concerne les recettes, s'appuyer autant sur les recettes internes que les recettes exceptionnelles, notamment les appuis budgétaires des partenaires extérieurs. A ce sujet, le programme précisait que " en ce qui concerne les ressources extérieures pour lesquelles les estimations du DSCRP prévoient un montant global de 7,335 milliards Usd pour la période 2007 - 2011, le niveau de mobilisation de la tranche de cette année 2007 dépendra de la conclusion rapide par le gouvernement d'un nouveau programme avec le FMI et la Banque mondiale. (…) Pour ce qui est des ressources internes, les estimations du DSCRP les situent à 6,982 milliards Usd pour la période de 2007-2011. Elles sont ventilées comme suit: 1,200 milliard Usd pour l'année 2007 ; et 1,450 milliard Usd en moyenne par an pour les quatre années suivantes ".

Autant dire que c'est dans un climat d'incertitude que le gouvernement a élaboré son budget 2007. Car, sur les 14,345 milliards Usd prévus pour financer les grands axes du programme gouvernemental sur la période 2007 - 2011, 6,982 milliards Usd représentent les ressources propres de l'Etat congolais et 7,335 milliards Usd le soutien extérieur. Ce soutien est cependant, conditionné à la conclusion à brève échéance d'un nouvel accord avec le Fmi et la Banque mondiale. C'est à quoi s'attelle depuis quelques jours la troïka gouvernementale (ministres des Finances, du Budget et le gouverneur de la Banque centrale du Congo, en séjour à Washington. Aucun écho encourageant ne nous est parvenu de ce côté-là.

UNE ECHEANCE HYPOTHETIQUE

Fin avril 2007, c'est l'échéance fixée par le vice-ministre du Budget lors de la réunion du lundi 16 avril pour finaliser le budget 2007 et le déposer à l'Assemblée nationale. Il a laissé entendre que la mouture en discussion n'est qu'un avant-projet qui devait subir d'éventuelles retouches pour le rapprocher le plus possible de la réalité.

Les retouches supposent évidemment d'intégrer dans le projet en préparation les recommandations que ramènera éventuellement la délégation gouvernementale dépêchée à cet effet à Washington pour prendre langue avec les services du FMI. La délégation regagne en principe Kinshasa cette semaine. Or, Le Potentiel faisait remarquer qu'il fallait faire " attention au diktat du FMI " qui n'a jamais jaugé l'impact social de tout programme à conclure avec un Etat tiers. Il en résulte souvent des remous sociaux jusqu'à provoquer l' instabilité politique..

Par ailleurs, lors de leur dernier passage à Kinshasa dans le cadre de l'évaluation du Programme relais de consolidation (PRC), les experts du FMI avaient promis de revenir au début du deuxième semestre 2007 pour faire le point des recommandations du gouvernement en vue du recadrage du cadre macro-économique. Par extrapolation, c'est donc au bout de cette démarche - qui ira certainement jusqu'à juin 2007, sauf si le FMI assouplissait sa position au terme des concertations de Washington - que le gouvernement pourrait enfin disposer d'un budget 2007 dûment approuvé par des partenaires extérieurs.

Que le gouvernement promette de boucler le budget de l'Etat à fin avril paraît tout à fait irréaliste. Ce qui ne fait qu'enliser davantage Antoine Gizenga dans un " vide budgétaire ", hypothéquant même la réalisation de " cinq chantiers " du chef de l'Etat. Il est évident que les " cinq chantiers " ont pour socle la garantie des appuis budgétaires. Or, ces ressources exceptionnelles, comme le reconnaît si bien le gouvernement, sont conditionnées par la conclusion d'un accord avec le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance qui ne pourra se concrétiser qu'au terme d'âpres négociations entre le gouvernement et les partenaires extérieurs. Le gouvernement saura-t-il alors réaliser les travaux retenus dans le cadre de "cinq chantiers" sur ressources internes et sans appuis budgétaires de l'extérieur ? C'est toute la problématique du financement de la promesse de campagne du président de la République pour la période 2007-2011.

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité