Mieux encore, Lola a quitté le chant pour jouer la batterie comme un batteur invétéré avant d’enfourcher la guitare rythmique sans la moindre fausse note ! Quand on sait que même des instrumentistes chevronnés ont souvent du mal à jouer le répertoire de Zaïko.

Le concert de Zaïko Langa Langa du 8 avril dernier, à la salle Marignan, à Bruxelles, restera comme celui de la réinvention du show congolais redessiné par un Lola Mwana qui a fait mieux que ressusciter la voix cassée de son père qui a tant manqué au groupe cher à Jossart Nyoka Longo. Du duo impeccable avec Jossart dans la chanson «  Etape » (version 1985 chantée par son défunt père) à l’interprétation de tous les titres incontournables du répertoire de Zaïko, Lola Mwana a étalé un talent et une maturité artistique insoupçonnables jusque là. Mieux encore, Lola a quitté le chant pour jouer la batterie comme un batteur invétéré avant d’enfourcher la guitare rythmique sans la moindre fausse note ! Quand on sait que même des instrumentistes chevronnés ont souvent du mal à jouer le répertoire de Zaïko, la surprise des mélomanes n’en était que plus grande et s’est muée en une fascination pour ce chanteur que tous les oracles ne peuvent plus qu’annoncer comme un GRAND !

L’on doit, en effet, constater que depuis le passage à l’Olympia de Tabu Ley en 1970, les orchestres congolais ont continué à calquer leurs spectacles sur le modèle qu’il a inauguré dans cette salle en s’inspirant lui-même de ce qui se faisait outre-atlantique notamment par James Brown. Il n’y eut que Lita Bembo et son Stoukas Boys et Zaïko (quand il se déleste de ses danseuses) qui ont essayé de créer leurs propres styles de show. Dans cette période où une évidente médiocrité est en train de gagner notre musique, avec ses supposées stars qui pataugent dans l’insipide mousse des bières nationales comme des vulgaires hommes-sandwichs, Lola Mwana apporte une fraîcheur créatrice devant laquelle on ne peut que faire une irrésistible révérence.

Pour Pâques, Zaïko a communié avec 1.500 personnes

L’affluence à ce concert a dépassé les prévisions du producteur qui a dû vider la salle de ses chaises afin de rentrer le plus de monde possible d’où une présence de 1.500 personnes dans cette salle censée accueillir normalement 1200 personnes assises (Ces chiffres ont été donnés à Afriqu’Echos Magazine par le producteur).

Un autre musicien a également survolé ce spectacle, c’est le soliste Tshanda au sujet duquel les fans de Zaïko Langa Langa sont souvent critiques. De l’avis de Lolo Wameso, un inconditionnel de cet orchestre, Tshanda qui était comme transfiguré a du coup rappelé à tous la place centrale et stratégique que les solistes ont toujours occupé dans Zaïko. Il a montré qu’il pourrait, à l’instar de ses illustres prédécesseurs, laisser des traces indélébiles dans le répertoire de ce groupe. Pas étonnant, car le week-end d’avant déjà, Jossart Nyoka Longo, après une séance de studio à Paris, glissait à l’oreille de nos rédacteurs (Jossart Muanza et Botowamungu) que Tshanda a émerveillé tout le monde jusqu’à… Bopol Mansiamina qui assure la direction artistique du prochain album et dont l’extrême rigueur est une caution sans égal.

Tout cela est de bon augure pour l’album en préparation surtout que certaines indiscrétions annoncent la participation au chant et à la guitare solo des noms dont la simple évocation ne peut qu’enchanter les mélomanes orphelins d’un Zaïko qui montrait la voie.