Les jours sont-ils comptés pour l’Alliance de la majorité présidentielle ? La question mérite bien d’être posée. Surtout que l’AMP semble ne plus battre au même rythme qu’il y a quelques mois. Décryptage d’une plate-forme politique qui donne l’air d’avoir déjà fait… son temps.

Lorsque l’Alliance de la majorité présidentielle voit le jour au mois de juin, l’ambiance est de grand jour. Son acte de naissance lui est même délivré lors d’une grande cérémonie dans un grand hôtel de la place. Personne de tous ceux qui comptent dans la famille politique du chef de l’Etat ne manque au rendez-vous. Cela se comprend. Il s’agit de porter sur les fonts baptismaux une plate-forme politique dont la mission première est de faire élire Joseph Kabila à la magistrature suprême.

Naturellement, la machine démarre sur des chapeaux de roue. Il le faut bien car l’enjeu est de taille. Surtout que, en face, il y a un regroupement politique, le Renaco, qui affiche les mêmes prétentions. Et voilà que l’AMP se met en ordre de bataille. Son siège, sur l’avenue Lukusa, dans la commune de la Gombe, fait le plein chaque jour. Sa grande cour ne désemplit pas. On se bouscule. Du matin au soir, l’activité n’en finit pas d’être débordante.

QUELS LENDEMAINS…

« Tout ça, c’est du passé », rétorque un habitué des lieux dont le chef du parti, allié à l’AMP, est aujourd’hui aux affaires. « C’est de l’histoire ancienne », ajoute-t-il. Une histoire qui semble s’être terminée là…Dans tous les cas, les choses ne sont plus les mêmes depuis que l’on a publié la liste des membres du gouvernement, constate-t-il avec un peu de regret.

Depuis que ses grosses pointures ont repris du service, la plupart ayant été nommés ministre ou vice-ministre, l’AMP a vu son siège se vider avec la rapidité de l’éclair. « C’est comme un village déserté par ses habitants à la suite d’une horrible épidémie», ironise un militant de la famille politique du chef de l’Etat trouvé sur place.

Un petit tour effectué sur l’avenue Lukusa nous a permis de prendre en effet la réelle mesure de la situation. Presque pas d’âme qui vive dans ce qui continue à faire office de siège de l’AMP. A part peut-être le piaillement des oiseaux. Mais, dans l’ensemble, il règne un silence de cimetière dans la cour. Même sinistre décor à l’intérieur. Les bureaux sont presque tous inoccupés. « Vous avez de la chance de trouver quelques personnes dans l’enceinte», confie quelqu’un qui nous en donne rapidement la raison. « Il se tient l’une des rares réunions que l’on n’ait plus jamais organisées ici depuis bien longtemps ».

…POUR UNE PLATE-FORME ELECTORALE ?

Ils sont nombreux aujourd’hui à faire le constat selon lequel l’Alliance de la majorité présidentielle est plongée dans une sorte de torpeur qui annonce le grand sommeil. Autant on constate le manque de vie à son siège, autant on déplore l’absence de l’AMP sur la scène politique, note un observateur de la vie politique congolaise. « Alors qu’il y a pas mal de sujets d’actualité sur lesquels elle devrait se prononcer, l’AMP se fait aphone », regrette-t-on dans certains milieux où l’on déplore ce « manque de répondant dans le camp du président de la République ».

Est-ce parce qu’elle n’est qu’une simple plate-forme électorale que l’Alliance de la majorité présidentielle ne voudrait pas aller au-delà de l’essentiel, à savoir avoir donné la victoire – comme elle l’a fait - à Joseph Kabila ? Difficile d’y répondre pour le moment. Mais, toujours est-il que, pour certains, il n’y a pas de raison que l’AMP baisse les bras. « Au lieu de se laisser aller à cet engourdissement, l’AMP devrait plutôt tourner à jet continu comme à ses débuts », suggère un kabiliste pur et dur.

En tous les cas, il estime que l’heure est venue pour les ténors de l’Alliance de la majorité présidentielle de se ressaisir. Au risque de voir cette plate-forme ne vivre que ce que vivent les roses, c’est-à-dire l’espace d’un matin. Bien des signes, malheureusement, le font penser.