Les Eglises pentecôtistes dites "de réveil"...ATTENTION DANGER !!!
"Je sens venir le feu, le sang de Jésus", lance l'orateur devant une salle comble. Mais Steeve Mvé n'est pas pasteur. Au contraire, ce psychologue gabonais tourne en dérision les prédicateurs des Eglises "éveillées" pour prêcher la méfiance envers leurs "manipulations".
Les prêches d'un psychologue gabonais contre les églises "éveillées"
En décortiquant la manière dont les prêtres des Eglises pentecôtistes dites "de réveil", mais aussi ceux du Renouveau charismatique catholique font plonger leurs adeptes dans la "transe", Steeve Mvé dénonce les dérives de ce milieu.
"Le phénomène de la transe n'a vraiment rien de spirituel", a-t-il ainsi martelé récemment lors d'une conférence à Libreville sur ce "procédé de manipulation mentale".
Selon lui, le déclenchement de la transe chez les "frères et soeurs en Christ" est en fait le fruit du recours à l'hypnose par les "apôtres" ou autres "bishops".
Le scénario qu'il décrit est à peu près immuable, fait d'un subtil mélange de musiques enivrantes, de formules choc et de techniques psychologiques.
Dans un "temple", devant un parterre d'adeptes attirés par des messages qui, les jours précédents, les ont invités à venir admirer "l'homme des miracles", un "animateur" met en confiance son public pour mieux le relaxer.
"Ce pasteur, accompagné par des musiciens, vous fait danser, crier, gesticuler dans une ambiance chargée d'émotions", explique Steeve Mvé, qui a étudié la psychologie pour mieux analyser les abus des Eglises éveillées, dont il fut en 1985 l'un des premiers membres au Gabon avant de s'en détourner. "Ensuite, il répète en boucle des clichés sur la présence du Saint-Esprit".
C'est seulement au bout d'une heure qu'arrive le "prédicateur-vedette" qui, escorté d'hôtesses et de gardes du corps, prend place sur un trône. "C'est un comportement typique des leaders totalitaires, souligne le conférencier. En abusant de son prestige présumé, il domine l'esprit de la foule qui est réduite à répondre +amen+ de façon systématique".
Commence alors la prédication.
Le pasteur évoque ses "miracles", scande des slogans et "sature la conscience de ses adeptes" en les matraquant "d'informations sensorielles", relève Steeve Mvé.
Enfin, le prédicateur choisit les candidats à la "transe", qu'il va en fait hypnotiser - autant de proies faciles pour la "quête", étape ultime du rassemblement.
"Après avoir chanté, dansé pleuré... on paie", ironise Steeve Mvé, évoquant ce pasteur qui hurle dans son micro: "Dieu n'aime pas le cliquètement des pièces, il préfère le froissement des billets".
Dans l'émission qu'il anime à la télévision gabonaise ou lors de conférences, le psychologue met en garde contre ces "escroqueries". Mais son combat est solitaire face au millier d'Eglises éveillées que compte aujourd'hui le Gabon, et rares sont ceux qui osent témoigner.
François, un professeur de français, a franchi le pas.
"J'étais malade, en 2004, et on m'a présenté un +homme de Dieu+ qui guérissait tous les maux grâce à des racines ou des mixtures d'écorces", raconte-t-il.
Bien entendu, ce "traitement" était payant. En cinq mois, François débourse plus de 500.000 francs CFA (plus de 750 euros).
"Mais ma santé s'aggravait. Je suis allé voir cet +apôtre+ pour lui dire que la Bible ne prévoit pas qu'on paye pour des prières et des bénédictions", poursuit-il.
Réponse du pasteur, par voie de lettre: "Il m'a dit que si je ne payais plus, les esprits viendraient me donner la mort".
"Les pasteurs de ces pseudo-Eglises utilisent les gens les plus vulnérables", s'indigne Steeve Mvé. "Mais l'Etat reste muet. Il trouve même un certain intérêt dans ces pratiques, puisqu'elles atténuent le sens critique des individus".