Chirac appuie Sarkozy du bout des lèvres...
Difficile d'être moins enthousiaste dans son ralliement. Jacques Chirac a pris publiquement position dans l'élection présidentielle dès le lendemain de la publication des 12 candidatures validées par le Conseil constitutionnel. Mais c'est un appui du bout des lèvres qu'il a accordé à Nicolas Sarkozy.
Dans une brève allocution préenregistrée, le président sortant a
d'abord annoncé qu'il venait d'accepter la démission de Sarkozy en tant que
ministre de l'Intérieur, qui prendra effet lundi prochain. De toutes parts, les critiques s'élevaient contre le maintien de Nicolas Sarkozy au ministère de
l'Intérieur, puisque ce dernier est en charge de l'organisation des élections et
de la proclamation des résultats.
De toute évidence, le numéro deux du
gouvernement - et encore aujourd'hui favori à la présidentielle - s'est fait
prier pour quitter son poste ministériel, qu'il abandonne à moins de quatre
semaines du premier tour. Nicolas Sarkozy, qui entretient des rapports pour le
moins difficiles avec Jacques Chirac et son entourage depuis son appui à Édouard
Balladur en 1995, avait précisé en 2005 qu'il ne revenait à l'Intérieur que pour
prévenir les " coups bas " qu'on mijotait contre lui. Pour le remplacer
aujourd'hui, Chirac et son premier ministre Villepin ont choisi François Baroin,
fidèle entre les fidèles du président sortant.
En saisissant le prétexte
de cette démission tardive pour faire part de son ralliement, le président
Chirac a d'avance banalisé sa prise de position. Et la formulation choisie
pouvait difficilement être plus mesurée :
" Il y a cinq ans, a dit Jacques Chirac, j'ai voulu la création de l'UMP. Cette formation politique a choisi de soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy en raison de ses qualités. C'est donc tout naturellement que je lui apporterai mon vote et mon soutien. " Point. Pas un mot de plus sur les " qualités " supposées du candidat ou son bilan gouvernemental.
Réactions
contrastées au sein de la classe politique. Chez les " sarkozystes ", on fait
mine de se réjouir de cet soutien " clair " de Chirac. Et d'ailleurs, pour un
candidat qui se veut celui de la " rupture " par rapport aux années passées, il
était sans doute préférable que l'appui accordé par le président sortant soit
réel - pour rassurer le gros de lélectorat UMP - mais pas trop
voyant.
Cela dit, les observateurs politiques continuent en permanence à
guetter les ralliements " spontanés " au centriste François Bayrou d'anciens
intimes ou proches du chef de l'État : des artistes comme Patrick Sébastien ou
Vincent Lindon, un ancien conseiller de presse, etc.