Louis Michel répondait jeudi aux sénateurs belges au sujet de l'aide au Congo. Celle-ci doit-elle être soumise à conditions ? Jusqu'où ?

Le commissaire européen au Développement était jeudi l'invité des commissions Affaires étrangères et Défense de la Chambre et du Sénat pour leur parler du Congo.

Après avoir exposé les réalisations de l'UE dans ce pays, M. Michel a évoqué le "débat en cours" tournant autour du degré de liberté qui doit être laissé à Kinshasa pour utiliser les fonds d'aide à la relance. "Certains partenaires voudraient prolonger de manière permanente l'existence du Ciat" (Comité international d'accompagnement de la transition, qui surveilla celle-ci) pour prolonger la tutelle internationale sur le Congo. "J'y suis radicalement opposé parce que le Congo est formellement devenu une démocratie." Négliger "cette différence en leur imposant un instrument de contrôle affaiblirait la légitimité" d'élus des nouvelles autorités. Dans ce cas, "on aura du mal à garder l'opposition (congolaise) dans le cadre institutionnel".

Dirk Van der Maele (SP.A) - qui avait fait valoir précédemment que la Belgique avait dépensé, de 1960 à 1990, quelque 260 milliards de FB au Congo, sans le développer - s'est dit opposé à ce choix et favorable à "une forte coordination entre bailleurs de fonds pour que le Congo aille dans la bonne direction".

M. Michel, qui a reconnu en M. Van der Maele "une voix autorisée" en matière de Développement, a jugé que la différence d'approche entre eux, "énorme", était "de style". "Vous avez tout de suite mis en doute les bonnes intentions" du nouveau cabinet congolais. "Quand on voit d'où vient ce pays, c'est un peu humiliant [...] Il faut quand même leur reconnaître un temps opérationnel et le droit à l'erreur."

Et d'évoquer son choix personnel en faveur de réunions régulières des bailleurs de fonds sous la présidence d'un ministre congolais ("celui du Plan", Olivier Kamitatu, "ce serait bien") qui devrait coordonner l'aide et évaluer en permanence l'état de mise en oeuvre des projets.