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LOSAKO
26 février 2007

Gouvernement : 100 jours pour convaincre

A_Gizenga_3Le premier acte est passé. Le programme du gouvernement Gizenga a été adopté par l’Assemblée nationale, consacrant ainsi son investiture. Maintenant, c’est le deuxième acte. Sur le terrain. La première évaluation interviendra dans 100 jours. La fin en quelque sorte de la période de grâce. Mais 100 jours plus pour convaincre.

Par 295 voix pour, 94 contre et 8 abstentions, le programme du gouvernement Gizenga a été approuvé par l’Assemblée nationale. Ce soutien consacre en même temps l’investiture du premier gouvernement de la IIIème République. Ainsi, pour la quatrième fois consécutive, cette cérémonie d’investiture du gouvernement émaillée par l’acte d’investiture de l’Assemblé nationale remise au Premier ministre Antoine Gizenga par le président de cette institution, Vital Kamerhe, cette cérémonie disions-nous met fin officiellement à la période de transition. Evénement qui intervient évidemment après la prise de fonction du président élu, Joseph Kabila, la mise en place de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Auparavant, le Premier ministre a répondu aux 19 préoccupations des représentants de la nation. Il a résumé ses réponses en trois chapitres : politique, le programme du gouvernement et les points spécifiques.

PROGRAMME AMBITIEUX, ESPRIT D’OUVERTURE

Dans le chapitre politique, il s’est empressé de relater l’épilogue « Ilunga Kasongo », jusque-là ministre - fantôme en charge du Commerce extérieur. Aussi, a-t-il promis, dans la transparence, de fixer les députés sur les tenants et les aboutissants de cette affaire dans un proche avenir. De la taille du gouvernement, il a expliqué qu’elle découle de la coalition majoritaire et sa taille éléphantesque ne peut être synonyme de « budgétivore ». Car, pour le Premier ministre, la prédation est une question de culture et non de taille. Allusion faite aux régimes précédents et à la gestion de la formule 1+ 4. Il a affirmé que son gouvernement est représentatif pour autant que toutes les provinces s’y retrouvent et la surreprésentation ne signifie nullement que les ministères deviennent des « propriétés » des provinces. En ce qui concerne l’ incompatibilité soulevée en rapport avec l’ article 97 de la Constitution, le Premier ministre a demandé à tous ses collaborateurs qui se sentent visés de se mettre en règle. Quant à lui, c’est chose faite depuis le mois de janvier 2007 qu’il n’est plus secrétaire général de Palu, de par sa nomination en qualité de Premier ministre.

Parlant de son programme, il a souligné qu’il s’appuie sur la vision des 5 chantiers du chef de l’Etat pour bâtir un pays uni, fort et prospère. Et que ce programme tourne autour de 5 grands axes : la refondation de la République, la consolidation de la paix, le redressement économique, la réhabilitation de la famille et la lutte contre la pauvreté, et enfin le renforcement de la cohésion et l’unité nationale.

Il a pris en compte les observations soulevées par les députés sur le plan d’action. Mais il s’est empressé de les rassurer en précisant que lors du dépôt du Budget 2007, il fournira un plan d’action détaillé doté d’un chronogramme, à court, moyen et long termes, avec des éléments précis sur le cadrage macroéconomique. Cependant, dans un premier temps, il se doit d’établir un inventaire de son héritage, sur le passif et l’actif, pour éviter tout discours démagogique. Toutefois, son plan de bataille est la bonne gouvernance et chaque ministère devra disposer d’une feuille de route à respecter scrupuleusement.

En ce qui concerne les sources de financement de ce programme, il est revenu sur le dépôt de la loi budgétaire en soulignant que ses efforts devraient consister à améliorer la mobilisation des ressources internes. Aussi, une série d’actions sont prévues : le paiement des impôts directs, même par le personnel politique ; la maîtrise de l’effectif de l’armée, de la Police ; l’assainissement des entreprises publiques ; la réévaluation des contrats signés dans le domaine des hydrocarbures, miniers, télécommunications et forestier ; les tracasseries administratives avec la multitude des taxes ; des mesures incitatives à prendre dans le domaine de l’ agriculture, PME, Industrie ; amélioration des services sociaux, santé et habitat… Aussi, le régime économique, social du marché, vise à garantir la liberté d’entreprise tout en s’appuyant sur la justice distributive, a-t-il dit. Quant au Document pour les stratégies de croissance et de réduction de pauvreté, DSCRP, il reconnaît la qualité de ce document qui est une propriété nationale. Par conséquent, il n’y a pas de honte pour son gouvernement de s’en inspirer pour élaborer son programme.

Evoquant les points spécifiques, il a annoncé la mise sur pied d’un cadre de concertation qui connaîtra la participation des syndicats en vue d’examiner les modalités d’applications du Barème des fonctionnaires et des enseignants. Il en est de même du barème du personnel politique. Entre-temps, des audits seront diligentés dans tous les secteurs pendant que la lutte contre la corruption sera intensifiée afin que la sanction tombe. Il a insisté sur le fait que tous les contrats léonins seront réévalués.

A titre de conclusion, il s’est prononcé pour une complicité positive entre l’Assemblée nationale et le gouvernement, mais dans le respect de compétences respectives. Dans la recherche de l’excellence, il a annoncé qu’il sollicitera la démission de tout membre du gouvernement qui brillera par l’incompétence et s’engage pour un dialogue permanent avec l’Assemblée nationale. Il s’est déclaré proche de l’opposition et restera à son écoute. Au demeurant, pour la réussite de l’action du gouvernement, il a sollicité son soutien.

Bonne prestation de la part du Premier ministre marquée par cet esprit de perméabilité en prenant en compte les observations pertinentes faites lors du débat sur le programme du gouvernement. Mais aussi d’ouverture en tendant la main à l’opposition. Car, face à un héritage empoisonné, un programme ambitieux fait des travaux d’Hercule, le Premier ministre vient de s’inscrire dans une logique de complémentarité.

FACE AU PEUPLE POUR CONVAINCRE

L’acte I étant accompli avec cette investiture, c’est maintenant l’acte II : face au peuple. Devant cette dure réalité, le gouvernement Gizenga dispose de 100 jours pour convaincre un peuple exigeant et, face à sa misère infrahumaine, incrédule. C’est dire que le gouvernement Gizenga ne dispose pratiquement pas de « période de grâce », car il devra séduire dès ses premiers gestes sur le terrain.

Certes, il hérite d’une situation catastrophique. Tout le monde le sait pour autant que c’est devenu un secret de polichinelle. Mais en acceptant cette lourde tâche, Gizenga devrait être conscient qu’elle ne sera pas une partie de plaisir. Lui et son équipe devront relever les défis de la refondation de la République, de la renaissance d’un Etat classique. Son grand défi consiste à remettre la population au travail pour augmenter la production nationale ; que cette population assure elle-même sa sécurité alimentaire, accède à l’eau potable, aux soins de santé, dispose d’un logement décent et réduise les frontières de l’ignorance. Gizenga est contraint à donner des signaux forts de cette espérance.

Signaux forts également à l’endroit des partenaires extérieurs qui, pendant ces 100 jours, auront à juger de la capacité du gouvernement à gérer un Etat moderne, à faire face aux exigences d’un environnement international capricieux contrôlé par des grandes puissances souvent dubitatives face aux pays sortant d’une situation politique et économique complexe. Tel est le cas de la République démocratique du Congo.

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