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LOSAKO
11 février 2007

Kabila-Kagame : Qui se moque des Congolais ?

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Lors de l’élection présidentielle en RD Congo, Paul Kagame  avait préféré Joseph Kabila à Jean-Pierre Bemba. L’homme fort de Kigali le dit dans une interview à l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique. Une déclaration troublante quand on sait que le leader du MLC avait, en cas de victoire, promis de renvoyer, au Rwanda, les ex-Far  et autres Interahamwe.

Dans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique », édition n°2404, datée du 4 au 10 février 2007, le président rwandais Paul Kagame évoque longuement ses difficiles relations avec la France de Jacques Chirac. Depuis que le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière a lancé des mandats d’arrêts internationaux contre certains membres du premier cercle du régime rwandais – c’est le cas notamment des généraux James Kabarebe et Kayumba Nyamwasa, Kagame multiplie des déclarations à la presse accusant le microcosme politique parisien de chercher à l’évincer du pouvoir. Il se dit prêt à relever le défi. En deux questions, l’homme fort de Kigali a survolé l’état des rapports entre son pays et la RD Congo. Question : Entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, même si aucun d’entre eux n’est vraiment votre tasse de thé, il est clair que votre choix était en faveur du premier. Vous êtes donc satisfait du résultat de l’élection présidentielle…Réponse de Kagame : « Je n’ai pas voté, comme vous l’imaginez. Cela dit, j’ai été heureux du résultat, c’est vrai. » Question : Il reste encore environ douze mille opposants rwandais en armes dans l’est de la RD Congo. Constituent-ils toujours une menace pour votre régime ? « Oui et non, répond Kagame. Non, parce qu’ils ne sont plus en mesure de nous déstabiliser. Oui, parce que leurs intentions demeurent hostiles. Mais il y a désormais, entre le Rwanda et le Congo, une dynamique nouvelle afin de résoudre ce problème. Je suis optimiste. Enfin. »

No man’s land

Ces déclarations du leader rwandais jettent un certain trouble dans les esprits. D’abord parce que Kagame avoue donc que la sécurité de son pays se trouve désormais hors de portée de ses opposants armés hutus qui squattent des localités des provinces du Kivu depuis plus d’une décennie. Certaines de ces entités échappent depuis ce laps de temps à l’imperium des autorités de Kinshasa transformant les territoires « occupés » en véritable no man’s land. Ces opposants à Kagame pillent, violent et tuent des paisibles citoyens et citoyennes dans cette partie orientale du Congo. Au nom de l’amitié entre « Joseph » et « Paul »,  ces desperados rwandais sont donc bien là où ils se trouvent.  Kabila et Kagame auraient-ils passé un « deal » au détriment des intérêts de la RD Congo en général et des habitants des deux  provinces du Kivu en particulier ? Jusqu’à quand les rebelles hutus rwandais vont-ils demeurer au Congo pour permettre au Rwanda de préserver sa sécurité interne et externe ? Pourquoi le Congo-Kinshasa doit-il continuer à payer au prix du sang de ses filles et fils  les conséquences d’un conflit éminemment rwando-rwandais ? Les propos du numéro un rwandais étonnent ensuite du fait que lors de la campagne électorale de la présidentielle, Joseph Kabila n’avait pas soufflé un mot sur le sort de ces combattants. Son adversaire,  Jean-Pierre Bemba Gombo, avait, lui, pris publiquement l’engagement de renvoyer ceux-ci dans leur mère patrie. « De gré ou de force », déclarait-il. Depuis sa prise de pouvoir à Kigali en juillet 1994 et la fuite de centaines de milliers de Hutus vers l’ex-Zaïre, Paul Kagame a toujours redouté un retour massif et « incontrôlé » de ses compatriotes de l’autre ethnie.

AFDL

Fin septembre 1996, l’armée patriotique rwandaise a pilonné à l’arme lourde les camps des réfugiés hutus installés dans les provinces du Kivu. Certains réfugiés regagnèrent le Rwanda. D’autres ont préféré parcourir à pieds pas moins de 5.000 kilomètres, de Bukavu et Goma à Kinshasa, en transitant par la Province orientale et l’Equateur. C’est la naissance de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) qui a porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir. Le mouvement fut créé à Kigali. Cette « rébellion » n’était en fait qu’un alibi pour dissimuler l’agression du territoire zaïrois. Accusés d’avoir « génocidé » des Tutsis, les fugitifs tentaient de s’échapper, à travers les forêts zaïroises, aux soldats de l’armée patriotique rwandaise qui étaient à leurs trousses. Les opérations militaires étaient conduites par James Kabarebe, alors colonel de l’APR. Son bras droit et aide de camp, n’était autre  que Joseph Kabila. Le 17 mai 1997, les troupes de l’AFDL  prennent le contrôle de Kinshasa.  Fin juillet 1998, c’est la rupture entre Kabila père et ses anciens parrains rwandais et ougandais. Selon le même modus operandi, une nouvelle « rébellion » voit le jour… à Kigali. Son nom : Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Quelques personnalités congolaises sont appelées à la rescousse pour crédibiliser l’essence congolaise du mouvement insurrectionnel. En 1996-1997, LD Kabila jouait la marionnette. En 1998-2003, le rôle a été dévolu successivement à Arthur Z’Ahidi Ngoma, Wamba dia Wamba, Lunda Bululu, Alexis Thambwe Muamba, Mbusa Nyamwisi etc.  Ceux-ci finirent par claquer la porte en découvrant la supercherie. Avec l’aide ougandaise, Bemba lance le MLC en novembre de la même année. Depuis fin 1996, le Congo-Zaïre  a connu deux guerres, conçues à Kigali et exécutées par l’armée rwandaise. Décidé « à ramener la guerre au Rwanda », LD Kabila va pactiser avec le « diable » en incorporant des éléments des ex-Far et autres Interahamwe dans le dispositif de défense de l’armée congolaise. En juillet 1999, les belligérants signent l’accord de cessez-le-feu de Lusaka, en Zambie. Kinshasa était à bout de souffle.

Chef d’Etat controversé

Le 16 janvier 2001, à la surprise générale, LD Kabila est « assassiné » dans son palais. L’affaire reste un mystère à ce jour. Le 26 janvier, le général-major Joseph Kabila est investi chef de l’Etat. Qui est-il ? Quel est son parcours personnel ? Qui a pris la gravissime décision de confier le destin d’un pays de la dimension du Congo-Kinshasa entre des mains aussi inexpertes ? Des questions qui restent sans réponses. Reste que, pour toutes ces raisons, le successeur de « Mzee » est devenu le chef d’Etat congolais le plus controversé tant sur sa filiation que  ses origines. L’homme est accusé de taire son passé de soldat de l’APR. Le 17 décembre 2002, les belligérants signent l’accord de paix de Sun City, en Afrique du Sud, à l’issue du Dialogue inter Congolais. Après l’installation du gouvernement de transition en juin 2003, le régime de Kigali multiplie des gestes de « bonne volonté » tout en menaçant d’intervenir en RD Congo. De son côté, le nouveau chef d’Etat congolais clame sa volonté de prendre ses distances vis-à-vis des rebelles hutus. Pendant ce temps, Kigali annonce le rapatriement de ses troupes qui occupaient l’Est du Congo. Une chose paraît sûre : les provinces du Kivu sont loin de retrouver la stabilité malgré ce départ annoncé. En 2004, les dirigeants rwandais désignent leur ambassadeur à Kinshasa. Les Affaires étrangères congolaises crient au scandale au motif que la nomination n’a pas respecté les usages diplomatiques. Et pourtant. Dans son édition n°2241-2242, du mois de décembre 2003, l’hebdomadaire Jeune Afrique créé l’événement en révélant dans sa rubrique « Confidentiel »  que « Kabila et Kagame se parlent régulièrement au téléphone ». Officiellement, les deux pays sont toujours en état de belligérance. Interrogé sur la volonté du Rwanda de normaliser les relations avec son grand voisin, Joseph Kabila confie ces mots à ce magazine : « Je ne crois pas que la population apprécierait une réconciliation précipitée. Nous procédons par étapes. Pour l’instant, nous en sommes  aux contacts entre ministres des Affaires étrangères. » (Voir J.A n°2248).

Infiltré

Pendant ce temps, Augustin Katumba Mwanke, l’homme fort du clan Kabila, effectue plusieurs missions secrètes dans la capitale rwandaise. Ces navettes n’ont pas empêché le général  Laurent Nkunda a fomenté plusieurs mutineries au Sud et au Nord Kivu. En janvier dernier, les autorités rwandaises ont « facilité » des négociations entre une délégation venue de Kinshasa et des hommes de cet officier dissident. La RD Congo devient ainsi l’obligée de l’Etat rwandais. Dans une interview accordée à Jeune Afrique n°2249, Paul Kagame dit ce qui suit dans le style qui est le sien : « Qu’il y ait des massacres dans l’Est du Congo est une évidence mais nous en rendre responsables et exonérer par là même les bandes criminels qui ravagent ce no man’s land où l’Etat est inexistant- Interahamwe, ex-Far, milices tribales etc – relève de la malhonnêteté.» Qui se moque des Congolais ? Comment ne pas accorder un certain crédit à certains analystes militaires congolais qui vitupèrent les incohérences de la politique rwandaise de Joseph Kabila ? Ces analystes suspectent, plus à raison qu’à tort, le « président élu » de la RD Congo d’être un « infiltré » dont la  mission consisterait à liquider ce qui reste du système économique, sécuritaire et de défense de la RD Congo…

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  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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