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LOSAKO
11 février 2007

Le silence de J. Kabila inquiète...

untitledUne centaine de morts au Bas-Congo. Cafouillage militaire à Minembwe avec mort d’hommes dans les rangs des FARDC et de la population civile. Défi à l’autorité de l’Etat en Ituri avec la poursuite des combats contre les milices de Peter Karim, à la suite de son obstination de ne pas brasser ses éléments. Entre-temps, la question de la « double nationalité » est en train de mettre le feu à la case. Silence radio du côté de la présidence de la République, institution habilitée à rassurer la population au regard du serment constitutionnel. Inquiétant.

Le 27 juillet 2006, au cours d’un point de presse à la veille de la clôture de la campagne électorale dans le cadre de l’élection présidentielle, le président Joseph Kabila, alors candidat, répondait quasiment en ces termes à une question d’actualité de la presse sur cette anecdote de « porteur d’œufs » : « Je ne suis plus le porteur des œufs. Je suis le chef de l’Etat de la République démocratique du Congo et me comporterai en tant que tel au regard de mes obligations constitutionnelles ». Déclaration prophétique dans la mesure où au terme du deuxième tour de l’élection présidentielle, Joseph Kabila a été élu démocratiquement président de la République. Et le 6 décembre 2006, il prêtait le serment constitutionnel suivant pour son entrée en fonction : « Moi, Joseph Kabila Kabange, élu Président de la République démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République ; de maintenir son indépendance et l’ intégrité de son territoire ; de sauvegarder l’unité nationale, de ne me laisser guider que par l’ intérêt général et le respect des droits de la personne humaine ; de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix ; de remplir loyalement et en fidèle serviteur du peuple les hautes fonctions qui me sont confiées ».

Au 60ème jour de sa prestation de serment, le président de la République a été placé, par quatre fois, devant ses obligations constitutionnelles : les combats en Ituri et au Nord-Kivu, les accrochages meurtriers au Sud-Kivu, à Minembwe, les morts dans la province du Bas-Congo et enfin la question de la double nationalité. Des événements, tout aussi graves, préoccupants que passionnels susceptibles de mettre en péril le processus politique en République démocratique du Congo. Ils appellent par conséquent à des réactions adéquates au sommet de l’Etat. Question de rassurer le peuple congolais ainsi que la communauté internationale. Certes, des ministres et des généraux se sont rendus sur place et ont pu ramener le calme. Mais pas de solution durable tant il est vrai que le débat n’est pas encore clos.

PERIL EN LA DEMEURE

L’heure est grave. La IIIème République est en train d’amorcer un mauvais départ, laissant entrevoir qu’il y a péril en la demeure. En effet, les faits que l’on vient d’évoquer ci - haut touchent directement à la Constitution et aux lois de la République. Ils menacent indiscutablement l’intégrité territoriale et l’unité nationale. En plus, ces faits portent visiblement atteinte au respect des droits de la personne humaine. De façon claire et précise, le Président de la République est interpellé pour autant que ces faits visent au plus haut et directement les « hautes fonctions qui lui sont confiées ».

Compte tenu des circonstances de temps et de lieu dans lesquelles ces graves événements sont survenus, la réaction du chef de l’Etat devrait être spontanée et sans équivoque. Tout simplement parce que le Gouvernement de transition assumait les affaires courantes et que le Gouvernement de la troisième république ( dit de Gizenga) n’était ni composé ni investi à l’Assemblée nationale. Le peuple attendait donc, au lendemain de ces incidents, une déclaration du président de la République afin de justifier son serment constitutionnel. Et dans le cas d’espèce, il devrait anticiper sur toute spéculation sur l’interprétation des décisions à prendre.

Le constat est que l’Etat a brillé par une sorte d’immobilisme, voire d’insouciance face à des morts, des violations des droits de la personne humaine et l’atteinte aux lois de la République. Et surtout, la stabilité des institutions s’en est ressentie. Tel ce cas grave de la double nationalité qui est en train de déchirer la classe politique à telle enseigne qu’à deux reprises, les plénières à l’Assemblée nationale ont été reportées sine die. Preuve de la tension qui gagne et préoccupe tous les milieux. La réaction du secrétaire général de l’Onu exigeant l’institution d’une enquête pour établir la part des responsabilités dans la situation au Bas - Congo est une illustration parfaite de l’inquiétude également de la Communauté internationale devant ce silence au sommet de l’Etat. Loin de nous la prétention de donner des leçons à des responsables d’un Etat souverain qui a ses méthodes de travail. Mais il est plus dans l’intérêt général de la Nation de rassurer un peuple à la recherche de ses repères perdus depuis des décennies. Et cette assurance ne peut venir, en ces instants précis, que du président de la République élu, en sa qualité de garant de la Nation.

BRAIN TRUST POLITIQUE INEXISTANT ?

Selon les observateurs avertis de la politique congolaise, l’immobilisme actuel risque de porter un coup dur à la Nation. En des circonstances pareilles, relèvent-ils, « un brain trust politique » devrait réagir pour éviter l’inaction alors que la communauté tant nationale qu’internationale attend les premiers signaux forts de la volonté de nouveaux dirigeants de gouverner autrement.

Le « vide » ainsi observé a favorisé des tirs croisés entre l’Opposition et l’autorité assumant les affaires courantes au sujet du «deuil national » décrété par le président national du MLC aux lendemains des incidents meurtriers de la province du Bas-Congo. Il n’est plus question de savoir qui a tort et qui a raison. Mais de s’interroger sérieusement sur le pourquoi de ces « tirs croisés ».

La réponse réside certainement dans cette absence de « brain trust politique » qui aurait dû analyser la situation et proposer des initiatives à même d’amener l’autorité à réagir de façon adéquate, proportionnée et convaincante.

Par ailleurs, le pays s’est engagé dans l’orbite de la bonne gouvernance. Ce premier test interpelle le président de la République. Il est invité à briser le silence au regard des hautes fonctions qui lui ont été confiées. Serment constitutionnel oblige.

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