*Il faudra peut-être attendre les sénatoriales et l’élection des Gouverneurs et Vice-gouverneurs de province pour voir Gizenga et Joseph Kabila rendre public leur gouvernement. L’idée serait d’éviter le vote sanction de la part des mécontents qui ne seront pas nommés ministres. 

Ça fait plusieurs semaines que le Directeur de Cabinet du Président de la République a instruit les ministres, vice-ministres, gouverneurs et vice-gouverneurs de province de s’abstenir de prendre des décisions qui engagent l’Etat congolais. Dans le langage des journalistes et des politiciens, on dit que l’exécutif sortant assure les affaires courantes. La mesure conservatoire avait été jugée salutaire pour le pays en ce qu’elle visait à empêcher les vautours de saigner à blanc le trésor public. Mais les Congolais, qui avaient applaudi  She Okitundu, ne s’imaginaient pas que le gouvernement Gizenga prendrait énormément du temps pour être connu du grand public. Depuis, on attend dans l’anxiété comme les chrétiens attendent la venue du Christ. Hier jeudi 18 janvier, la télévision nationale a annoncé sans préciser que la publication du gouvernement n’était qu’une affaire d’heures ou des jours. Pourquoi diable ça traîne, du moment que tout est déjà fin prêt, selon les dires mêmes du pouvoir ? En effet, la sortie du gouvernement était annoncée pour le week-end dernier. Il semble que les obsèques prolongées du Cardinal Frédéric Etsou ont été pour beaucoup dans le report. L’explication fournie était qu’il ne fallait pas frustrer la communauté chrétienne de Kinshasa. Etsou mis en terre le lundi 15 janvier, on a pensé que Gizenga profiterait du 46ème anniversaire de l’assassinat de Lumumba, le 17 janvier, pour faire d’une pierre deux coups.    

Y’aurait-il blocage ?   

Les spéculations vont bon train à propos de la publication plusieurs fois annoncée et ajournée du gouvernement Gizenga. Pour les uns, le Premier Ministre rencontrerait des difficultés. Il récuserait les ministres prédateurs, ceux-là mêmes qui ont mis le pays à genou. De quoi provoquer un couac avec ses partenaires de l’Alliance qui ont beaucoup à se reprocher.

Pour d’autres, le retard du gouvernement relève d’une stratégie savamment orchestrée. L’AMP veut aller unie aux sénatoriales d’aujourd’hui vendredi 19 janvier 2007. Il est supposé qu’il y aura des mécontents parmi les membres de la plateforme du Chef de l’Etat, notamment, ceux des politiciens qui ne seront pas nommés ministres. L’idée serait d’éviter le vote sanction. Si cette version des faits s’avère exacte, il n’est pas à écarter que le gouvernement pourrait intervenir après l’élection des gouverneurs de province prévue le 27 janvier prochain.

Pendant ce temps, les prix des biens de consommation flambent sur le marché. Plus rien ne s’achète à moins d’un dollar. Si l’on y prend garde, la population laminée par la misère risque de lâcher le processus de normalisation du pays.