*Les élections sénatoriales de demain vendredi sont d’un grand enjeu. Si l’AMP les gagne, le camp Kabila élargira son emprise sur l’appareil de l’Etat en attendant l’élection des Gouverneurs de province annoncée pour samedi 27 janvier. Si c’est l’UN qui remporte, JP Bemba pourrait, s’il le veut, briguer la présidence du Sénat, et, en cas de vacance au sommet, assumer les fonctions du Chef de l’Etat.

Après l’élection des membres des Bureaux définitifs des Assemblées provinciales qui a permis à l’AMP de Joseph Kabila de prendre le contrôle de sept des onze provinces de la RDC, les 690 députés provinciaux, disséminés dans les chefs-lieux des provinces, vont élire, demain vendredi 19 janvier, 108 sénateurs. Dont 4 sénateurs par province et 8 pour la ville de Kinshasa. Les provinces ici sont les 25 prévues par la Constitution. La campagne pour les sénatoriales a été lancée le mardi 16 janvier, conformément à la loi électorale.

Elle devait prendre fin aujourd’hui jeudi 18, soit vingt quatre heures avant le scrutin. Des centaines des candidats sont en course. La plupart des listes des candidats sénateurs sont présentées par l’Union pour la Nation (UN) de Jean-Pierre Bemba et l’AMP de Kabila. Il y a aussi des candidats indépendants qui se présentent individuellement.

Les jeux sont-ils faits d’avance ?   

Les Bureaux définitifs des Assemblées provinciales ont donné l’avant goût de ce à quoi pourraient aboutir les sénatoriales et les élections des Gouverneurs et Vice-gouverneurs le 27 janvier prochain.

Si on fait des grandes projections, il n’y a point de doute que c’est l’AMP qui arrivera largement en tête dans l’ensemble. En particulier, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu, au Maniema, en Province Orientale, au Katanga, au Bandundu et au Kasaï Oriental. En revanche, l’UN pourrait conserver son avance dans le Bas-Congo, au Kasaï Occidental, en Equateur et à Kinshasa. Ce serait la suite logique de ce qui s’est passé jusque-là depuis les législatives nationales.      

Mais la bataille risque d’être rude à voir la manière dont les candidats mènent leur campagne. Ils procèdent par des contacts directs d’homme à homme pour contourner les mécanismes anti-dispersion des voix mis en place par les chefs des plateformes. Les députés provinciaux électeurs reçoivent les promesses de tout genre.

A celui-ci on promet une villa, à celui-là des espèces sonnantes et trébuchantes, à tel la restitution des frais de campagne, à tel autre un voyage touristique sur les plages des côtes  antillaises, etc. Le vote étant secret, cette stratégie s’est révélée payante lors de l’élection des membres des Bureaux définitifs des Assemblées provinciales. Dans certaines provinces, il y a eu des députés qui n’ont pas voté pour les candidats désignés par la direction des plateformes.

Pour contrer l’éparpillement des voix, les principaux regroupements politiques tiennent des réunions avec les provinciaux issus de leurs rangs. Mardi dernier, l’UN a fait la sienne à l’Equateur.

Au Bandundu, l’UN a dépêché l’ex-ministre Constant Ndom Nda Ombel veiller au grain. Du côté de l’AMP, c’est l’ancien ministre de l’Intérieur Théophile Mbemba Fundu qui dirige les opérations.