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LOSAKO
8 janvier 2007

Décès du Cardinal Etsou

Le cardinal89625 Frédéric Etsou, 76 ans, est décédé samedi 6 janvier à la Clinique universitaire de Leuven (KUL), en Belgique. Officiellement, il souffrait de diabète et  d’un oedème pulmonaire qui l’aurait emporté. Les spéculations vont bon train tant sur les causes « réelles » de la « dégradation brutale » de sa santé ayant conduit à l’issue fatale que sur le nom du probable successeur.   

« On ne peut rien exclure !». C’est la déclaration faite sous l’anonymat par un des proches du défunt citant un de médecins traitant. Depuis une semaine, confie cette source, « les organes vitaux du patient Etsou – à savoir les reins, les poumons et le foie - se sont détériorés en un temps record à la  stupéfaction du corps médical ». Selon certains témoignages, depuis quelques mois, le visage du cardinal était sujet à une « éruption cutanée » d’origine inconnue. Des internautes ont affirmé le plus sérieusement du monde que le visage de Frédéric Etsou ressemblait de plus en plus à celui du président ukrainien Viktor Iouchtchenko, victime d’un empoisonnement à la dioxine. L’information n’a pas été démentie par les visiteurs  qui ont eu accès au malade. L’archevêque de Kinshasa,  présentait, selon eux,  les signes de quelqu’un  qui a ingurgité des substances nocives. C’est un euphémisme. Certaines sources contactées par la rédaction de Congoindependant.com assurent que l’examen du sang aurait révélé  « des traces de dioxine ». D’autres sources parlent de « traces de cyanure ». Qui dit vrai ? Spéculations ? Vendredi 5 janvier, on apprenait dans la soirée que le prélat était placé sous assistance respiratoire. Un prêtre lui aurait  même administré le « dernier sacrement ». A l’évidence, la situation  était autant grave que désespérée. « Le Cardinal Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi est mort ». Cette nouvelle s’est répandue le lendemain soir à Bruxelles comme une traînée de poudre. Contactés, certains membres de l’entourage du regretté cardinal dissimulaient à peine un certain sentiment de révolte. De quoi souffrait Frédéric Etsou ? Selon une source médicale congolaise, l’homme était sujet à des problèmes « diabétiques » depuis la fin des années 90.  « Le diabète peut générer des complications cardiaques », ajoute-t-elle.

Oedème pulmonaire

Selon certains témoignages, les médecins de la KUL ont constaté, ces derniers jours, la présence d’une assez importante quantité «d’eau » dans les poumons du patient. Selon un expert, « c’est un indice certifiant que le cœur ne pompe plus de manière optimale ». Selon la télévision commerciale bruxelloise RTL-Tvi, il s’agit d’un œdème pulmonaire.

Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi est né le 3 décembre 1930 à Lisala (province de l’Equateur). Le 8 décembre 1954, après des études  au Séminaire, il est admis dans la congrégation des pères de Scheuts. Le 7 novembre 1976, il  est sacré évêque et nommé une année après à la tête de l’archevêché de Mbandaka - Bikoro. Vice président de la Conférence épiscopale du Zaïre de 1979 à 1984, il est nommé archevêque de Kinshasa le 14 août 1990. Le 28 juin 1991, il est promu cardinal par feu pape Jean Paul II. Les cardinaux ont pour rôle d’assister le pape dans ses décisions. Ils ont des responsabilités dans le cadre de la Curie romaine. Par ailleurs, les cardinaux âgés de moins de 80 ans sont appelés à élire le pape. Qui va succéder à Frédéric Etsou ? Les spéculations et autres supputations vont bon train. Trois noms semblent sortir du lot : Laurent Monsengwo Pasinya, Tharcisse Tshibangu Tshishiku et Melchisedek Sekuli. Le premier est originaire de la province de Bandundu. Polyglotte, Mgr Monsengwo parlerait couramment  – outre les principales langues nationales -  le Français, l’anglais, l’espagnol, l’hébreu et l’allemand. Ancien président de la Conférence nationale souveraine, «Mgr Laurent » présente un profil privilégié sauf si l’avis de Joseph Kabila était requis par le Vatican.  Ses prises de position sur la « gouvernance » en RD Congo ne seraient que modérément appréciées en haut lieu. Ancien recteur de l’université nationale du Zaïre, originaire du Kasaï oriental, Mgr Tshibangu constitue un prétendant tout aussi séduisant, dit-on. A en croire certains observateurs, « Tshibangu pourrait payer le fait d’avoir été trop proche de Mobutu Sese Seko ».

Cannibalisme

Qu’en est-il du troisième homme en l’occurrence l’évêque de Butembo (Nord Kivu) ? Natif du Nord Kivu, successeur du très charismatique  Mgr Emmanuel Kataliko, le très regretté archevêque  de Bukavu, Melchisedek Sekuli est très proche de Joseph Kabila. Pour la petite histoire, Sekuli serait le « parrain » de l’abbé Apollinaire Malu Malu, ancien vice-recteur de l’université de Butembo. Au début de l’an 2000, les deux religieux animaient une association de défense des droits humains dans la partie orientale du pays, occupée à l’époque par les rebelles du MLC de Jean-Pierre Bemba et ceux du RCD-Goma d’Azarias Ruberwa. Selon Paul Nsapu, président de la Ligue des électeurs, c’est par cette voie que Sekuli et Malu Malu sont entrés dans les bonnes grâces de la Présidence de la République. Selon des analystes, l’histoire du « cannibalisme » imputé à Bemba Gombo aurait été montée « de toutes pièces » par l’association dirigée par ces deux religieux. « Après un président de la République et un président de l’Assemblée nationale  originaires de l’Est, il ne manque plus qu’un cardinal natif du même coin de la République», ironisait un théologien congolais. Incompris par certains, applaudis par d’autres, le cardinal Frédéric Etsou a marqué son époque. L’homme aimait dire à haute voix son attachement à la vérité, à la paix et à la compassion. Dimanche 23 avril 2006, recevant des journalistes kinois  à l’issue d’un séminaire, l’homme a dit tout haut ce que la majorité de ses concitoyens murmuraient tout bas : « Vous avez laissé ce pays entre les mains des étrangers qui sont en train de le diviser.» C’est le tollé général. Chaque acteur donna à cette phrase sa propre interprétation. Certains n’ont pas hésité d’y voir un hymne à la xénophobie.  « Xénophobe », « mobutiste invétéré », autant de qualificatifs lancés à la face de l’outrecuidant prêtre accusé, plus à tort qu’à raison, de relayer les opinions de l’ancien conseiller spécial de Mobutu Sese Seko, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba.

Testament

Après le second tour de l’élection présidentielle, Etsou est revenu à la charge en jetant  un immense pavé dans la marre. Il  accuse le président de la CEI (Commission électorale indépendante) de s’être livré au tripatouillage des résultats électoraux. Dans une intervention faite le 13 novembre sur radio France internationale, qui prend désormais le relief d’un testament politique, le cardinal tonne : « Moi, personnellement, comme pasteur, je n’accepte pas ce mensonge. Il faut la vérité. L’abbé Malu Malu doit se conformer au verdict des urnes. Il ne peut pas se permettre qu’on falsifie le verdict des urnes ». Et d’ajouter : «Je dis non à toute tentative d’imposer au peuple congolais un candidat devant juste satisfaire les appétits gloutons et prédateurs de ses commanditaires étrangers. »
Cueilli à froid, Apollinaire Malu Malu de réagir : « Je suis étonné par cette déclaration d’autant plus que le Cardinal n’a pas participé aux élections. Je trouve que c’est une déclaration dangereuse qui ne reflète pas la réalité.» Dans une missive adressée à la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo)  en date du 30 novembre dernier, le cardinal note en liminaire qu’il est retenu à Bruxelles « pour raisons de santé ». Commentant sa déclaration sur RFI, il écrit : « Nous pasteurs du peuple de Dieu, avons une mission délicate et difficile : celle d’être serviteurs de la vérité et non du mensonge. Et cela avec courage. (…). Notre prise de position en tout moment doit être en faveur du peuple de Dieu. Ouvrons nos yeux dans nos diocèses pour voir la misère de notre peuple, ouvrons nos coeurs devant plus de 4 millions de Congolais tués par la guerre inutile d’occupation, guerre qui a généré et continue à générer la faim et les maladies et la division des familles, pendant qu’elle a servi à tous les belligérants pour s’enrichir et vendre le pays aux étrangers.» Et de poursuivre : « Comme tout le monde, nous disposons des informations sur les « vrais résultats électoraux du 30 octobre dernier. (…). Ces résultats diffèrent de loin de la  mascarade politique que nous venons de vivre le mercredi 15 novembre par la déclaration de la CEI et du verdict de la Cour suprême de Justice du lundi 27 novembre 2006. (…) ».

Joseph Kabila consterné

Pour Etsou, les Congolais doivent « fermement condamner la logique dans laquelle la communauté internationale avec la complicité de quelques Congolais nous a enfermés, logique selon laquelle l’Est appartiendrait à Joseph Kabila et l’Ouest à Jean-Pierre Bemba ! Un gros mensonge à rejeter en bloc ». Pour lui, les Congolais doivent, de même, affirmer « avec sérénité l’unité nationale et l’intégrité du territoire congolais ». Il souligne que « malgré les astuces de certains, moi, je continuerai à parler au nom des 8 millions d’habitants qui constituent l’Archidiocèse de Kinshasa ! » Et de conclure : « Je plaide pour la libération de Me Marie-Thérèse Nlandu et d’autres innocents injustement retenus en prison. Et je désire tant la paix, la justice pour mon peuple. (…).» A noter que le cardinal Etsou avait béni le 17 juin dernier le mariage de Joseph Kabila avec Olive Lembe di Sita… Au moment où nous achevons ces lignes, on apprend que, dans un communiqué, rédigé à la troisième personne, remis à l’AFP, Joseph Kabila se dit « consterné » par la disparition du cardinal Etsou. "C'est avec une profonde consternation que le président de la République a appris le décès de son Eminence le cardinal Frédéric Etsou ». « A cette sombre occasion, le chef de l'Etat adresse, au nom du peuple congolais et au sien propre, ses condoléances les plus attristées respectivement au Saint-Père, à l'archevêché de Kinshasa, à l'église catholique à travers la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et à toute la communauté chrétienne en général". Kabila de souhaiter que "le sens du devoir dont le regretté cardinal a fait montre par son encadrement spirituel, durant sa vie sacerdotale et son mandat à la tête de l'archidiocèse de Kinshasa, serve de source d'inspiration au sein de l'église et à tous les chrétiens". Selon la dépêche de l’AFP, le numéro un Congolais a décidé qu'un "deuil national" soit décrété le jour de l'enterrement -à une date non encore arrêtée- du prélat pour "honorer sa mémoire".    

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  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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