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LOSAKO
26 décembre 2006

Les 5 chantiers de Kabila menacés par la dette

88750Si Joseph Kabila place son quinquennat sous le signe de la réalisation de ses « cinq chantiers », il ne reste pas moins que le problème de la lourde dette extérieure de la RDC risque d’être une hypothèque dans la réalisation du vœu du président de la République. Déjà, le pays a du mal à se faire accepter dans l’initiative PPTE pour l’effacement de sa dette. Mais voilà qu’il doit s’y faire avec pour sa reconstruction. C’est le grand dilemme qui a attend le chef de l’Etat dans les cinq prochaines années.

La République démocratique du Congo a encore un long chemin à parcourir pour réunir les préalables au redémarrage des travaux de reconstruction et de réhabilitation. Certes, la reprise en 2001 de la coopération structurelle avec différents partenaires au développement est effective. Cependant, l’état des lieux a révélé au grand jour les grands défis de la République. C’est ce que le président Joseph Kabila, a résumé en ses « cinq chantiers ». Autrement dit, les grands travaux à entreprendre durant les cinq années à venir pour faire de la République démocratique du Congo un pays « plus beau qu’avant ».

ACTE D’ACCUSATION

Il n’empêche qu’il y a quelque chose d’hallucinant dans l’emballement de la malédiction usurière à laquelle la jeune nation congolaise sera sans cesse soumise depuis son indépendance en 1960. Le règne de Mobutu se caractérise par une ardoise de quelque 14 milliards de dollars, dont plus d’un tiers (5 milliards) découlant du poids des intérêts. S’ensuivra ensuite, sur toile de fond de guerre civile assassine (4 millions de morts) et de privatisations tous azimuts, une nouvelle flambée de prêts rapaces, dont un milliard de dollars, très opaque, consentis par le Ducroire, l’agence belge de promotion des investissements à l’étranger... La démocratie naissante, issue des urnes, hérite d’une dette de plus de 9 milliards de dollars, accumulée en quelque six ans.

Lorsqu’on parle d’un nouveau départ pour le Congo, il faut donc comprendre une réalité : « business as usual ». Mais, l’on se soucie moins de l’avenir de ce pays qui court droit vers un cataclysme qui naîtra du poids insupportable de la dette.

Si l’ambition du président se justifie au regard du grand désastre dans lequel se trouve la RDC, il y a encore des préalables auxquels le pays devra inévitablement se soumettre pour que dans la mise en œuvre de divers programmes et projets de développement, l’avenir du pays ne soit pas mis à rude épreuve. La grande contrainte reste évidemment la dette extérieure ; celle-là que le pays négocie rudement depuis 2001 dans le cadre de l’initiative d’annulation de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). C’est le Comité pour l’annulation de la dette des pays du Tiers-monde (Cadtm), en association avec le Sénat Belge, qui a tiré cette fois-ci la sonnette d’alarme de ce qui risque, selon lui, d’hypothéquer l’avenir de ce grand pays qui doit consacrer un quart du budget national à payer une dette – « archétype de la doctrine de la dette odieuse ». Ce qui représente en quelque sorte la négation du principe fondamental du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, souligne-t-il.

ENTRE DEUX FRONTS

Dans le cadre de l’initiative PPTE, la RDC négocie - après avoir atteint en juillet 2003 le point de décision de cette initiative - l’effacement de près de 90% d’une dette estimée aujourd’hui à environ 14 milliards de dollars Us. Mais le pays doit, avant d’accéder à cet avantage, réunir les conditions pour aspirer au point d’achèvement à cette même initiative, celle qui est censée lui ouvrir la voie à tous les avantages prévus dans le cadre de l’initiative PPTE.

Au-delà de la dette ancienne, c’est-à-dire celle prise en compte dans l’initiative PPTE, la RDC a inauguré depuis 2001 un nouveau cycle de la dette. Ainsi, la RDC négocie d’un côté l’effacement d’une dette de près de 14 milliards Usd, et en même temps, le pays se bat sur un autre front, celui de la nouvelle forme de dette consacrée par divers programmes et projets de développement en cours de réalisation depuis 2001. Le Cadtm note à cet effet, que « rien qu’entre 2002 et 2003, quelque 7,4 milliards de dollars s’ajouteront au passif, dont un milliard de notre agence de promotion des investissements à l’étranger (Ndlr : la Belgique), le Ducroire ». Cadtm poursuit en ces termes : « Ajoutez à cela, décrite dans le détail par Arnaud Zaccharie, l’opération dite de «consolidation» (2002), un tour de passe-passe par lequel 60% des créances sur le Congo changent de main, l’arriéré se transformant, via de nouveaux prêts, en... nouveaux emprunts ».

Le Cadtm conclut en relevant qu’il s’agit d’une gigantesque « opération de blanchiment », avant de souligner que « les Etats occidentaux qui y participent à l’aide de leurs contribuables (Belgique, France, Suède, Afrique du Sud) passent à la caisse, remboursent des créanciers qui s’évanouissent dans l’anonymat, tandis que le peuple congolais, lui, reste plus endetté que jamais, étant désormais placé sous la tutelle des programmes PPTE (pays pauvres très endettés) de la Banque mondiale... ».

Voilà donc un pays, ruiné par plusieurs années de guerre et asphyxiée par une dette insupportable qui doit aujourd’hui recourir au même mécanisme, savamment entretenu par la haute finance internationale, pour se reconstruire. C’est sûrement sur les promesses de l’extérieur – autrement dit les apports extérieurs libérés sous forme des prêts - que le chef de l’Etat espère certainement réaliser ses cinq chantiers. A moins que ce soit sur des fonds propres de la RDC, encore à identifier.

Mais on parle déjà de quelque 3,5 milliards Usd que la communauté internationale serait prête à libérer pour soutenir le plan de reconstruction de la RDC, donc les « cinq chantiers » de Kabila. D’où des questions que l’on est en droit de se poser pour en juger de l’efficacité. Car, entre 2002 et 2003, c’est plus de 7 milliards Usd de dette, à en croire les enquêtes de Cadtm, qui ont été souscrits au nom de la République, sans que quelque chose de concret ne soit fait sur terrain.

UN AVENIR INCERTAIN

Des analystes pensent que pour reconstruire aujourd’hui le pays et lui redonner espoir, le peuple congolais devra mettre une croix sur environ 30 à 40% de son maigre budget. Rien que pour assurer le paiement du service de la dette.

Mais quels sont les projets « à impact visible et immédiat » - c’est le terme consacré de la Banque mondiale - qui ont été réalisés depuis 2002 ? Pas grand chose, sinon des routes inachevées, des travaux confiés à des entreprises « fantômes ou imaginaires ». Ce sont des millions de dollars de dette que des générations futures devront un jour rembourser qui ont pris des destinations obscures. Et, c’est ce qu’il faut craindre avec le nouveau cycle de la dette qui va s’ouvrir avec les « cinq chantiers » de Kabila si l’argent proviendra de la communauté internationale. Mustapha Niasse, ancien médiateur dans le dialogue inter - congolais - bien que maladroit, pourtant vieux routier dans la diplomatie – confirmé l’existence de plus de trois milliards USD en soutien un programme de Kabila. Il a été le premier à le relever dans un cadre informel. Cependant, il s’agit des milliards de dollars que le prochain gouvernement devra rationaliser pour donner au pays la possibilité de faire face au devoir de remboursement à échéance. Est-ce la vision de ceux qui engageront bientôt, par leur signature, la RDC dans ce nouveau cycle de la dette ? C’est ce qu’il faut espérer. Car, autour du processus de la dette, c’est l’avenir du pays qui est en jeu. C’est de la capacité du pays à rembourser sa dette que se forgera la souveraineté d’une Nation en perte de vitesse depuis de nombreuses années. Certes, on connaît l’adage : « Qui paie ses dettes, s’enrichit ». Or, qui s’endette s’appauvrit. C’est ce qu’il faut craindre bien sûr dans les années à venir.

DEVOIR D’INVENTAIRE

La IIIème République que l’on veut ériger sur le credo de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et de la démocratie doit être bâtie sur des bases saines et solides. D’où, le devoir d’inventaire de la dette extérieure de la RDC s’impose pour limiter au minimum l’impact négatif de la dette sur les projets de développement.

L’audit s’impose. Question de bien faire, avec précision, pour identifier les prêts, de bien les négocier et les affecter correctement. Ce sont là autant de « prêts odieux », de « contrats odieux » et « d’investissements odieux » qu’il faut éplucher pour aménager des gardes-fous nécessaires au choc prévisible de la dette au niveau interne. C’est autant des préalables pour la concrétisation des « cinq chantiers » de Kabila.

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