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LOSAKO
7 décembre 2006

RDC: Vingt-six provinces dès 2009 gare aux dérives ethniques...

8636846C'est ce que prévoit la nouvelle Constitution. Les dangers ont-ils été évalués ? Le Pr Willame nous répond.

Un des problèmes que devra affronter le nouveau gouvernement congolais est celui de la décision, imposée par la Constitution adoptée par référendum en décembre 2005, de faire passer le Congo, dès 2009, de 11 à 26 provinces. Seuls Kinshasa, les Nord et Sud-Kivu, le Maniema et le Bas-Congo resteront intacts; toutes les autres provinces seront divisées en entités plus petites.

Ce nouveau découpage laisse certaines des nouvelles provinces - comme le Sankuru (actuel Kasaï oriental) ou le Bas-Uélé (actuelle Province orientale) - complètement enclavées. D'autres, comme les Kivus, pourraient, au contraire, se développer, "si on y évite les conflits ethniques ", nuance un originaire. "Si les aéroports sont modernisés, on ne s'intéressera plus à Kinshasa, on ira à Dubaï faire des affaires. Tout le monde ne doit pas rester à la traîne parce qu'il y a un ou deux lambins dans la famille. La plus grande autonomie permettra l'émulation", ajoute-t-il.

Au début des années 60, déjà, le Congo avait connu un projet de multiplication des provinces. "À cette époque, le Congo connaissait trois grandes forces politiques, rappelle Jean-Claude Willame, professeur émérite à l'UCL . Les sécessionnistes katangais, les lumumbistes de la Province orientale et d'une partie du Kivu, et, dans le reste du pays, les pro Belges et pro Américains. Pour contrer les deux premières forces, il fut décidé de créer ce que l'on appela "des provincettes". Cela permettait de diviser le Katanga en trois, ainsi que la Province orientale et le Kivu. Balkaniser le pays devait empêcher la mainmise des sécessionnistes et de la gauche révolutionnaire. La création de 22 provinces a, effectivement, multiplié les disputes entre ceux qui voulaient les diriger, sans compter les contestations - très nombreuses - de territoires qui voulaient être attachés à une autre province que celle qui leur était dévolue. Une série de référendums étaient prévus dans ces territoires contestataires mais ils n'eurent jamais lieu. En pratique, les "provincettes" n'ont jamais fonctionné parce qu'en 1965 est survenu le coup d'État de Mobutu", explique le professeur Willame.

"Une vision assez théorique"

Ce dernier estime que la création de 26provinces "devrait atténuer les tensions est-ouest" montrées par les élections, "parce que les gens vont se replier sur leur petite province. Cependant, le nombre de lieux où on se battra pour le pouvoir va augmenter, ce qui peut faire ressurgir des conflits ethniques" . Mais on n'en est pas encore là, modère M. Willame : "Il faut encore des lois et des arrêtés pour mettre cette disposition constitutionnelle en application. Et la Constitution peut être amendée par le parlement élu."

Lorsqu'on enquête sur les raisons qui ont présidé au choix du parlement de transition (dont seuls 42 membres ont été élus sur les 500 nommés qui le composaient), on se rend compte que la perspective de créer de nombreux postes de pouvoir a beaucoup joué. D'autres ont espéré rapprocher ainsi le pouvoir du citoyen. Ceci est cependant "une vision assez théorique", juge Jean-Claude Willame. "Je ne crois pas que les politiciens congolais d'aujourd'hui soient très différents de ceux de 1960 : ce qui compte, pour eux, est la course au pouvoir. Mais peut-être la tenue régulière d'élections et l'épée de Damoclès que constitue l'alternance vont-elles les pousser à se sentir plus contrôlés..."

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