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LOSAKO
4 décembre 2006

Théâtre de chez nous... 06/ 12/ 2006 prestation de serment

La théâtralisation de la vie politique fait partie de ces dogmes sociaux que les citoyen (nes) remettent en question très difficilement. La prestation de serment de Joseph participe de cette théâtralisation de la vie politique à laquelle obéissent ceux et celles qui sont promus aux « hautes fonctions » de l’Etat, quels que soient les moyens dont ils ont fait usage pour parvenir à leurs fins.

Le cas du Congo demeurera, pendant longtemps, dans les annales de l’histoire du monde, une affaire sui generis. Tout le monde sait que la dernière mascarade électorale a été tout sauf un moment du triomphe d’un processus démocratique fondé sur les valeurs de liberté, d’honnêteté, de vérité et de transparence. L’humilité aurait recommandé que la suite à réserver au processus de normalisation et de refondation de la troisième République ait recours aux valeurs de simplicité et de modestie. Malheureusement, depuis le 07 novembre 2006, longtemps avant la proclamation « officielle » des résultats de la présidentielle, un premier appel de fonds (1.000.000. $) avait été déjà fait pour que la fête soit « une réussite totale ». Car il ne faudrait pas que « les amis » de la communauté dite internationale ratent cette occasion de remercier leurs « collabos » pour « le miracle accompli » : la mascarade électorale a eu lieu; la victoire du président sortant bien que contestée par son challenger et les franges importantes de nos populations n’a pas déversé les Congolais (ses) dans les rues des villes du Centre et de l’Ouest pour protester; les armées de l’Eufor et de la Monuc veillant au grain! Disons que les principaux parrains, qui seront les invités de marque à cette cérémonie, (et la petite oligarchie prédatrice congolaise leur servant d’hommes et de femmes liges) ont toutes les raisons du monde de fêter. René Lefort estime qu’ils « ont atteint un autre de leurs objectifs majeurs, fût-il inavoué : l’élection de Joseph Kabila. Jugeant la démocratie hors d’atteinte au Congo, voir néfaste, ils ont toujours considéré que la présidence devait se jouer entre les ex-belligérants car seul un homme à poigne pourrait remettre le pays en ordre. Ils ont préféré Kabila à Bemba. Malgré sa jeunesse, malgré sa timidité, malgré l’emprise de son entourage qui l’a intronisé à la présidence transitoire (…), convaincu d’en faire son jouet. Sans trop l’aider directement, discrétion oblige, les « parrains » lui ont déblayé la voie pour qu’il prenne le pas sur ses rivaux, le laissant bafouer les règles qu’ils avaient mission de faire appliquer. » (R. LEFORT, La dangereuse victoire de Kabila, dans Le Nouvel Observateur du 30 novembre 2006. Cet article mérite une attention particulière pour les veilleurs-protecteurs de la mémoire historique de notre peuple.) Qui a dit que qui a bu ne boira pas?

De toutes les façons, Joseph n’en sera pas à sa première prestation de serment. La première ne lui a pas empêché de siéger dans un gouvernement de « compromis » et même de « compromission » comme il l’a lui-même confessé à Colette Braeckman le lendemain de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle par la Commission de Malu-Malu. Quelle garantie avons-nous que la prochaine fois sera la bonne? Cela d’autant plus que dans la confession susmentionnée, il a promis d’utiliser « le bulldozer » pour « sévir » …

La prestation faisant partie de la théâtralisation de la vie politique, il n’arrive même pas à l’idée de la plupart des compatriotes d’avoir honte de la programmation de cet acte vide de sens eu égard au manque de légitimité éthique qui l’entoure et qui risque de marquer le prochain parcours historico-politique de notre peuple. Dans une lettre écrite à « nos élus », un compatriote de l’Est, Patient Bangenda note : « Après avoir corrompu les électeurs, certains parmi vous se préparent à corrompre les autres, à tendre leurs longs bras partout pour être nommés Gouverneurs de Province, Ministres ou maires. Ils se voient déjà investis du pouvoir d’arriver là où ils veulent. De toute manière, ils feront tout pour récupérer au quintuple les fortes sommes investies dans la campagne électorale car, après tout, on n’est mieux servi que par soi-même, immunité parlementaire oblige! D’ailleurs, comment feriez-vous autrement étant donné que votre élection, c’est à votre argent que vous la devez et non à votre projet de société, encore moins à vos capacités de futur bon dirigeant! » (P. BANGENDA, Lettre à nos élus, dans Congoforum du 01 décembre 2006) Ce qui est dit pour les « honorables » vaut mutatis mutandis pour « le candidat indépendant du peuple », « leurs excellences » de l’AMP ayant battu campagne pour lui.

Et sa prestation de serment sera une occasion offerte aux « amis » pour fêter « la garantie » du remboursement des millions de dollars investis dans les élections à travers la prochaine généralisation de la signature des contrats léonins et de la vente des carrés miniers.

N’empêche que Joseph va prêter serment en sachant qu’il n’a pas d’assise populaire au Centre et à l’Ouest du pays et que cela puisse précéder un renforcement outrancier de « sa tentation d’hégémonie »! L’essentiel est qu’il continue d’être capable de protéger les intérêts étrangers. Les Congolais (es) se contenteront des miettes. Ainsi sera bouclée la boucle de l’instrumentalisation de la démocratie des urnes par « les petites mains du capital » laissant aux Congolais (es) ayant vendu leurs consciences et leurs cartes électorales le temps de danser à la gloire « des illustres élus », de s’enivrer de « lotoko » et d’appeler la prospérité d’un Ciel imaginaire dans des interminables veillées de prière crétinisantes. En attendant que les prochains cinq ans passent…

Il serait aussi possible que « le petit reste » participant à cette cérémonie (même) de loin retienne les mots, les paroles, les faits et les gestes, les promesses faites afin qu’il s’en serve dans ses prochaines évaluations. (Tous les cent jours.)

En effet, le Congo n’étant pas la propriété privée de quelques individus et de « leurs amis », mais le patrimoine commun de toutes ses filles et de tous ses fils, il est important que la plupart d’entre nous, « le petit reste y compris », s’initient à « se mêler de ce qui ne les concerne pas ». Ainsi pourrons-nous être nombreux dans les collectifs d’auto-support « des empêcheurs de penser en rond » et des « résistants-ascètes du provisoire ». Notre devenir commun en dépend.

J.-P. Mbelu

© Copyright Congolite

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