Oh pauvre Colette! Volte/Face
Même s’il est trop tôt pour conclure, on peut déjà avancer que les deux rivaux progressent au coude à coude.
Kabila est bien éloigné de la confirmation éclatante qu’attendaient ses partisans.
Il est vrai que l’état major présidentiel a péché à la fois par nonchalance et par excès d’optimisme, tant au premier qu’au deuxième tour: afficher prématurément «Kabila le gagnant» a incité de nombreux électeurs à rester chez eux, persuadés que les jeux étaient faits…De plus, si le président, au premier tour, a négligé de se rendre dans le Bas Congo, qui le lui a fait chèrement payer, et s’est montré faible à Kinshasa, au deuxième, il n’a plus bougé du tout, se contentant d’envoyer sa mère au Maniéma et son épouse partout ailleurs, mais ces visites sont apparues comme trop tardives.
En outre, l’annulation du débat télévisé a été mal ressentie dans l’ensemble du pays. La Haute Autorité des médias ayant refusé de prendre ses responsabilités et d’imposer une formule déterminée, l’absence d’accord entre les parties a été imputée au camp Kabila, dont on connaissait déjà les réticences à l’égard de cette confrontation. Faut-il ajouter enfin que les Congolais, à Kinshasa surtout, ont un faible pour les «underdogs» ceux qui se présentent comme des victimes? Or attaqué dans sa résidence, menacé par la justice internationale présentée comme celle des Occidentaux, c’est bien ainsi que Bemba a réussi à apparaître…et a brouillé toutes les pistes
Colette Braeckman